Le World Monuments Fund (WMF) a transféré la gestion de trois sites classés du parc archéologique d’Angkor à l’Autorité pour la protection du site et l’aménagement de la région d’Angkor (Apsara) au Cambodge. Ce transfert a été officialisé le 31 janvier 2024, faisant suite à une cérémonie organisée six jours auparavant.
L’Apsara va prendre en charge l’organisation de ces chantiers de restauration au long cours alors que le WMF célèbre 35 ans d’engagement dans la conservation et le « renforcement des capacités » du parc, assurant ainsi la durabilité des efforts déployés pour les générations futures. Ce nouveau chapitre pour les temples de Ta Som et de Preah Khan, ainsi que pour le bas-relief de la galerie du barattage de la Mer de lait à Angkor Vat, coïncide avec une nouvelle phase des activités de restauration du WMF au Phnom Bakheng.
« Cette transition est un moment historique pour Angkor, s’est félicitée Bénédicte de Montlaur, présidente-directrice générale du World Monuments Fund. Au début de ce projet en 1989, l’intervention internationale était nécessaire pour aider à redévelopper les compétences des techniciens locaux en matière de restauration, afin d’effectuer les travaux nécessaires. Au fil des ans, le recours à l’expertise internationale a considérablement diminué dans tous les projets du WMF à Angkor, et nous sommes ravis de voir l’Apsara reprendre l’entière responsabilité de l’entretien quotidien et des futurs travaux de restauration sur ces trois sites. »
Angkor a été désigné comme l’un des sites archéologiques les plus importants d’Asie du Sud-Est par l’Unesco, qui l’a inscrit au patrimoine mondial de l’humanité en 1992. S’étendant sur quelque 400 kilomètres carrés, le parc conserve les vestiges majestueux de l’empire khmer, une civilisation hindoue bouddhiste qui dura du IXe au XVe siècle et a produit une architecture urbaine préindustrielle parmi les plus avancées de la planète.
La guerre civile cambodgienne des années 1970 a interrompu les efforts déployés de longue date pour revitaliser les vestiges du parc d’Angkor. De nombreux travailleurs dans le secteur du patrimoine sont morts ou ont été contraints de fuir le pays. Cette période, au cours de laquelle les Khmers rouges ont pris le contrôle du Cambodge, a également été marquée par un pillage généralisé des objets archéologiques, qui ont été sortis du pays et vendus à l’étranger ; ces dernières années, de nombreux objets ont été restitués par des musées et des collectionneurs.
Le WMF s’est impliqué dans les projets de restauration d’Angkor en 1989, après une mission d’évaluation des temples sur le terrain. Un partenariat a été établi avec le roi Norodom Sihanouk pour créer un programme de restauration et de formation, en s’appuyant sur les efforts de l’Université royale des beaux-arts qui venait de rouvrir ses portes.
La création de l’Apsara en 1995 et les améliorations apportées par la suite à la gestion ont permis de retirer Angkor de la liste des sites du patrimoine en péril en 2004. Depuis 1992, le WMF a alloué 14,6 millions de dollars [environ 13,5 millions d’euros] à la préservation future de la région de Siem Reap, générant plus de 20 millions de dollars [environ 18,5 millions d’euros] d’impacts économiques positifs et d’emplois localement. L’organisation est également en train de développer un programme de certification formel et standardisé pour les cent techniciens de restauration à plein temps et les mentors qui travaillent dans la région.
« Notre impact va au-delà des chantiers de restauration menés depuis 35 ans, a déclaré Bénédicte de Montlaur lors d’une cérémonie le 26 janvier au temple de Preah Khan. Notre travail de renforcement des capacités a permis d’apporter des compétences, des revenus et de la stabilité à l’équipe locale, dont la direction est désormais majoritairement cambodgienne. Nous avons également élaboré des stratégies de gestion du tourisme afin d’enrichir l’expérience des visiteurs et de prévenir les effets néfastes du surtourisme sur les sites. Le travail du WMF se poursuivra dans le parc archéologique avec la restauration du Phnom Bakheng et la création de nouveaux programmes éducatifs en coopération avec les autorités cambodgiennes. »