Iwona Blazwick a démissionné de son poste de commissaire de la prochaine Biennale d’Istanbul. Cette décision constitue le dernier épisode d’une controverse qui a éclaté l’été dernier après sa nomination par la Fondation d’Istanbul pour la culture et les arts (İKSV), la structure privée qui gère la biennale. La 18e édition de la manifestation, qui devait se tenir en septembre 2024, a été reportée à 2025.
« La décision de ne pas organiser la 18e Biennale d’Istanbul en 2024 a été prise avec Iwona Blazwick, a déclaré l’İKSV dans un communiqué adressé à The Art Newspaper. Un nouveau conseil consultatif sera formé par l’İKSV dès que possible sous l'égide de la directrice de la Biennale d’Istanbul, Kevser Güler, entrée en fonction [au début du mois]. Dans le cadre des nouvelles règles que nous avons adoptées l’année dernière, un commissaire sera sélectionné et la Biennale d’Istanbul sera ouverte au public en 2025. »
« Nous avons vu émerger des dissensions regrettables au sein des cercles artistiques qui ont affecté négativement les artistes qui avaient déjà accepté ou qui auraient pu accepter de participer à la biennale, ainsi que les collaborations et les partenariats. Malheureusement, cette situation a rendu impossible l’organisation de la biennale d’Istanbul comme prévu », poursuit l’İKSV, justifiant ainsi le report de l’événement.
La fondation indique qu’elle travaille depuis mars 2023 avec environ 58 artistes du monde entier pour finaliser la 18e Biennale d’Istanbul. « Le cadre curatorial proposé pour cette biennale aborde le rôle de l’art à la suite d’une perte ou d’un traumatisme, conduisant à la production de dizaines de nouvelles œuvres et à des collaborations locales et internationales fructueuses », ajoute la déclaration.
La controverse a éclaté en août 2023 lorsque The Art Newspaper a rapporté qu’en février de la même année, le conseil consultatif de la Biennale d’Istanbul avait choisi à l’unanimité la curatrice turque Defne Ayas comme candidate pour assurer le commissariat de la prochaine biennale. Cependant, l’İKSV a écarté cette recommandation du conseil et a nommé Iwona Blazwick, l’ancienne directrice de la Whitechapel Gallery. Au moment de ce choix, elle était elle-même membre du comité consultatif chargé de sélectionner un commissaire pour la biennale.
Les critiques estiment que le choix de Defne Ayas a été jugé trop risqué par la fondation. Elle avait en effet organisé une exposition de Sarkis pour le pavillon turc de la Biennale de Venise en 2015. Le catalogue accompagnant l’exposition comprenait un essai de Rakel Dink, la veuve du journaliste turco-arménien Hrant Dink, assassiné à Istanbul en 2007. Dans son texte, elle faisait référence au « génocide arménien » pour décrire la douleur de son peuple. À la suite d’une plainte du gouvernement turc, qui nie l’existence de ce génocide, le catalogue a été retiré de la vente.
Après ces révélations, quatre artistes invités à participer à la 18e Biennale d’Istanbul se sont rétractés de l’exposition et l’İKSV a décidé de renforcer sa transparence. « En réponse aux critiques formulées à l’encontre de son processus de décision, l’İKSV a revu sa gouvernance pour la rendre plus participative. Notre objectif, comme toujours, est de faire en sorte que la Biennale d’Istanbul soit une plateforme d’expression artistique, de dialogue et d’échange », ajoute aujourd’hui l’İKSV.