Alors que les sociétés anglo-saxonnes sont en net recul dans le monde en 2023, revenant à un niveau pré-Covid après une année 2022 très forte, les maisons françaises ne s’en sont pas si mal sorties. Avec une activité moins dépendante des très grosses collections, certaines d’entre elles ont même réussi à progresser, sachant que leurs chiffres intègrent leurs ventes organisées aussi ailleurs en Europe, en Suisse ou parfois au Maroc.
En effet, Sotheby’s a engrangé 419 millions d’euros (hors ventes privées), mais a reculé de 7 % ; Christie’s a totalisé 311 millions d’euros (hors ventes privées), soit une baisse de 37 %. Artcurial comptabilise 204 millions d’euros, en très légère progression.
Grâce à sa nouvelle force de frappe plus internationale, mais aussi à plusieurs belles collections comme celle d’Alain Delon (8 millions d’euros), Bonhams Cornette de Saint Cyr a totalisé 104 millions d’euros, soit un bond de 16 %. Toutefois, comme chez Artcurial, une partie conséquente des résultats ne vient pas d’œuvres d’art mais… de voitures de collections, département qui représente dans ces deux maisons près de 30 % du bilan !
Derrière, Millon a engrangé 85,4 millions (environ – 9 %). Piasa annonce « plus de 60 millions d’euros », soit + 26 %. Le design y pèse pour 35 millions d’euros, tandis que l’art moderne et contemporain se développe, à hauteur de 16,6 millions d’euros. Une version sur carton de la célèbre série de Nicolas de Staël sur les footballeurs au Parc des princes a atteint 2,3 millions d’euros, et une peinture de Georges Mathieu, 1,8 million d’euros, se classant parmi les meilleurs prix obtenus par l’artiste aux enchères.
Ader, de son côté, poursuit sa trajectoire ascendante avec 59 millions d’euros totalisés, une progression de 15 %. Soit sa 19e année de croissance ! La maison de ventes, qui vient d’annoncer l’ouverture d’une salle supplémentaire à côté de Drouot, a attiré une pluie de préemptions et d’achats institutionnels, dont un portrait par Mary Cassatt acquis par la Fondation Bemberg de Toulouse pour 1,2 million d’euros en novembre. Ader a aussi vendu pour 2 millions d’euros un petit paysage par Monet. La maison a aussi dispersé avec un certain succès – grâce à des estimations attractives – la collection de Gérard Depardieu.
Chez Tajan, les étincelles sont venues de deux peintures du XIVe siècle par Pietro Lorenzetti, qui ont atteint 1,6 et 3 million(s) d’euros avec les frais, en décembre. L’année s’est terminée avec un total de 36 millions d’euros, en légère hausse (33,3 millions d’euros en 2022). Aguttes recule fortement cette année, avec 47,5 millions d’euros contre 86,5 millions en 2022. Chez Osenat, les résultats sont stables, avec 40,1 millions et le coup d’éclat du bicorne de Napoléon Ier vendu 1,9 million d’euros. Enfin, Giquello a totalisé 23 millions d’euros.
Toutefois, ces résultats dans l’ensemble satisfaisant n’ont pas été obtenus avec facilité. « Nous avons vendu sans euphorie en fin d’année, un peu ric-rac, confie ainsi le commissaire-priseur David Nordmann, d’Ader. Notre taux de lots vendus a été inférieur à celui du premier semestre. Si les acheteurs collectionneurs, mus par la passion, sont peu impactés par l’inflation et la hausse des taux, ce n’est pas le cas des investisseurs et des acheteurs de déco. Pour garder notre attractivité, les vendeurs doivent accepter nos estimations ».
L’enjeu majeur en 2024 pour tous les acteurs sera de s’adapter à la réalité actuelle plus raisonnable du marché…