Le 1er août 2003 était adoptée la loi Aillagon, qui venait révolutionner la législation encourageant le mécénat, même si elle avait précédemment connu des évolutions favorables, avec la loi Léotard du 23 juillet 1987 sur le développement du mécénat, la loi Lang du 4 juillet 1990 sur les fondations d’entreprises, et la loi Tasca du 4 janvier 2002, qui a mis en place un dispositif fiscal incitant les entreprises à acquérir des trésors nationaux.
Le lundi 11 décembre 2023 au musée Guimet à Paris, la ministre de la Culture Rima Abdul Malak a rendu hommage à cette avancée législative décisive devant un parterre de mécènes, de représentants de fondations et d’associations, tous actifs dans le domaine de la philanthropie. Ainsi, entre 2005 et 2022, le nombre de donateurs particuliers est passé de 1,3 million à 5,4 millions, et les entreprises mécènes de 12 000 à 105 400. Le mécénat culturel des entreprises s’élève à 399 millions d’euros par an depuis 2016. Selon la ministre de la Culture, ces dons ont aussi accompagné le soutien à de nouveaux enjeux, comme une prise de conscience du patrimoine local, la place des femmes ou la question de la décarbonation de la Culture. Sur scène, Guillaume Désanges, président du Palais de Tokyo, a évoqué la création, dans le cadre du Palais Durable, du Cercle Art & Société et du Cercle Art & Écologie, mécénat responsable auquel adhère Cécile Le Pan de Ligny, directrice associée en charge du marketing et du new business chez Utopies.
Face à l’évolution de la société et des mentalités, comment améliorer le dispositif législatif ? Rima Abdul Malak a lu un texte de Jean-Jacques Aillagon, qui n’avait pu être présent, lançant plusieurs pistes. Ce dernier a évoqué un élargissement des bénéficiaires éligibles au mécénat « aux sociétés publiques locales pour la part de leur activité non profitable » ; la création d’un nouveau statut de fondations familiales ; la prise en compte du bénévolat qui pourrait bénéficier d’un avantage fiscal ; et même la possibilité pour chaque citoyen de bénéficier d’un « crédit d’impôt » qu’il pourrait librement affecter. Philippe Journo, fondateur de Philanthro-Lab, est allé dans le même sens en proposant que tout citoyen puisse obtenir chaque année une enveloppe pour le mécénat de 100 euros déductible à 100 % de ses impôts. Ces axes de réflexion et de nombreux autres – comme le micro don – permettront peut-être d’inciter encore davantage particuliers et entreprises à la générosité. Rendez-vous dans 20 ans.