Né le 8 juillet 1945 à Courbevoie, Daniel Abadie, historien d’art et commissaire d'exposition français, est décédé le 10 décembre 2023. Fondateur de la revue Art et Création, il entre au Cnac (Centre national des arts plastiques) en 1969, où il travaille à la préfiguration du Centre Georges Pompidou. Au musée national d’Art moderne, il a été commissaire ou co-commissaire d’expositions qui ont fait date : « Paris-New York » (1977) ; « Dalí » (1979) ; « Jackson Pollock » (1982) ; « Les Années 1950 » (1988) ; « Magritte » (2003) ; « Jean Dubuffet » (2001)… Il a dirigé la Galerie nationale du Jeu de Paume de 1994 à 2004.
Ami des artistes et collectionneur, il est l’auteur de nombreux ouvrages sur l’art moderne et contemporain, de Zao Wou-Ki à Pierre Alechinsky, de Peter Stämpfli à Alberto Magnelli. Avec Daniel Templon, Catherine Millet et Gilles Fuchs, il a été à l’origine, en 1994, de l’Adiaf (Association pour la diffusion internationale de l’art français).
Dans un ouvrage intitulé Pourquoi y a-t-il de l’art plutôt que rien ? (Sous la direction de Raphaël Cuir, Archibooks, seconde édition, 2014), il avait répondu : « Il y a de l’art parce qu’il y a la mort. Tout art est d’abord, pour le créateur, une réponse à la mort et à l’absurdité d’une existence qui va disparaître. […] Il y a une phrase que Malraux avait mise en exergue à ses Antimémoires qui le dit parfaitement : " L’homme que l’on trouvera ici est celui qui s’accorde aux questions que la mort pose à la signification du monde. " Je crois que c’est vraiment le point de départ de toute réflexion métaphysique, et évidemment, l’art fait partie de celle-ci. »
« Nous nous sommes bien connus au Cnac, lors de la période de préfiguration du Centre Pompidou, se souvient Alfred Pacquement, directeur du musée national d’Art moderne de 2000 à 2013. C’est quelqu’un pour qui j’avais une immense admiration. Daniel était une véritable encyclopédie vivante, avec une mémoire visuelle et un œil extrêmement précis. J’ai toujours été tout à fait fasciné par sa connaissance exceptionnelle de l’art moderne et contemporain, très approfondie de l’œuvre de beaucoup d’artistes, et tout particulièrement de ceux qu’il avait personnellement suivis de très près comme Jean Hélion, Alberto Magnelli ou la génération des années 1970. Il a à son actif des expositions majeures au Centre Pompidou. Nous avons travaillé ensemble sur l’une des expositions inaugurales, "Paris-New York". C’est un merveilleux souvenir d’avoir eu la chance d’être en proximité avec cet homme tellement compétent, cultivé, engagé dans son rapport à l’art et aux artistes. Il m’avait succédé à la Galerie nationale du Jeu de Paume, où il a fait un programme très important de rétrospectives et d’expositions anthologiques sur de grands artistes, en particulier de la scène française. C’était aussi un écrivain d’art remarquable. Le monde de l’art, les musées et les artistes lui doivent beaucoup. »