Vera Molnár, disparue ce 7 décembre 2023, approchait des 100 ans, un âge canonique auquel fait référence l’exposition « Vera Molnár, cent (ou mille) façons de faire » que lui consacre, jusqu’au 20 janvier 2024, la galerie 8 + 4 à Paris. Vera Molnár, née Vera Gács en 1924 à Budapest, c’est d’abord la cofondatrice en 1961 du GRAV, le Groupe de recherche d’art visuel, aux côtés de ses comparses François Morellet et François Molnár, qui deviendra son époux. Avec le GRAV, l’artiste s’efface au profit du groupe, autour d’œuvres expérimentales impliquant le regardeur et ayant largement recours aux effets optiques. Face aux dissensions internes, elle et son mari quitteront finalement le groupe.
Elle s’était rapidement orientée vers l’abstraction, d’abord lors de ses études à l’école des beaux-arts de Budapest où elle côtoie Simon Hantaï ou Judit Reigl, puis après 1947 quand elle s’installe à Paris, où elle fréquente notamment Auguste Herbin ou Sonia Delaunay.
Cette pionnière toujours en quête d’expérimentation avait créé, dès 1959, une « machine imaginaire » qui « impulse une transformation des formes, combinant consignes et interdits, décidant des formes, des couleurs, des textures, des matériaux, des supports et dessine sur un rouleau les propositions qu’elle retient », résume le Centre Pompidou, qui préparait avec elle une importante exposition pour février 2024. À partir de 1961, elle s’était emparée de l’ordinateur, étant parmi les premiers dans le monde de l’art à utiliser les algorithmes pour créer des œuvres. Elle a aussi fait partie de ceux qui ont bousculé les codes en déléguant la réalisation de ses créations.
Au Centre Pompidou, elle avait figuré dans l’exposition « Elles font l’abstraction » en 2021. Alors que 45 de ses œuvres sont entrées dans les collections de l’institution, dont une trentaine grâce à ses dons, le musée national d’art moderne réunira donc en 2024, au sein d’un vaste accrochage, ses peintures, travaux sur papier, installations, photographies mais aussi ses journaux intimes permettant de plonger dans la genèse de son œuvre, des écrits qu’elle avait choisi de confier à la Bibliothèque Kandinsky.