Il était connu comme le loup blanc. Photographe à ses débuts, devenu promoteur immobilier prospère, Léonard Gianadda est mort ce 3 décembre à 88 ans des suites d’un cancer des os qui le rongeait depuis longtemps. Ce petit-fils d’un modeste ouvrier du Piémont arrivé en Valais avait conquis le monde des arts en ouvrant en 1977 à Martigny, sa ville natale, une fondation qui portait le prénom de son frère, Pierre, tragiquement disparu dans un accident d’avion. Dans ce bâtiment brutaliste qui fera toujours beaucoup parler de lui, Léonard Gianadda a réussi le tour de force de faire venir des chefs-d’œuvre absolus signés Van Gogh, Monet, Gauguin, Klimt, Schiele, Goya ou encore Cézanne. Il pouvait ainsi se targuer d’attirer un public international dans ce canton sans réelle tradition picturale.
Lors d’un discours en 2023, il avait déclaré : « J'ai pris beaucoup de risques pour la réaliser. Il y a plus de quarante ans, trois millions, c'était beaucoup d'argent. Il fallait être un peu Italien pour avoir cette audace », rappelle la RTS. En 2000, l'exposition « Van Gogh » a battu son record de fréquentation avec 500 000 visiteurs. La Fondation Pierre Gianadda a accueilli plus de 10 millions de visiteurs depuis sa création.
Commandeur de la Légion d’honneur et de l'Ordre des arts et des lettres en France, Léonard Gianadda a été membre de la Commission des acquisitions du musée d'Orsay à Paris, de 2004 à 2010, administrateur de la Phillips Collection à Washington de 2005 à 2014, ou encore membre de la Commission des acquisitions du musée Rodin de Paris de 2006 à 2012.
Reste à connaître l’avenir de la fondation. Léonard Gianadda la dirigeait depuis toujours sans jamais avoir désigné un quelconque dauphin. Il incarnait ce lieu, même à la télévision où ses spots publicitaires étaient devenus mythiques. Au point d’assurer, à qui voulait l’entendre, que son œuvre disparaîtrait avec lui. En 2024, deux expositions sont malgré tout annoncées : « Anker et l’enfance » et un dialogue entre Renoir et Cézanne.