Situé aux 9 et 11 rue de Thionville, dans le Vieux-Lille, l’Institut pour la photographie occupe deux anciens hôtels particuliers de la noblesse lilloise datant des XVIIIe et XIXe siècle, devenus au fil du temps un lycée professionnel puis un Centre d’Information et d’Orientation (CIO). Doté d’un cachet historique certain, avec son entrée sur rue, sa cour d’honneur intérieure et une splendide bibliothèque toute en boiseries, l’ensemble nécessite des travaux de restauration et d’extension pour accueillir le public mais aussi conserver les fonds d’archives de photographes et une collection d’environ 30 000 livres photographiques grâce à la donation de Lucien Birgé.
Les architectes Berger&Berger ont été mandatés pour concevoir le futur bâtiment, d’une surface totale d’environ 3 900 m2, dont un tiers de nouveaux espaces. L’Institut pour la photographie sera l’une des rares institutions à posséder en interne un département de conservation et de restauration. Une fois achevé, il offrira 850 m2 de salles d’exposition, 650 m2 de réserves photographiques et 750 m2 d’espaces publics comprenant une bibliothèque, une librairie-boutique, un café, des espaces de réception, un espace familles et un atelier pédagogique ; 350 m2 de jardins seront également créés. Le budget des travaux est de 16,23 millions d’euros.
Le chantier de rénovation et d’extension doit commencer au dernier trimestre 2024, pour une durée de 16 mois, sous réserve des conclusions du diagnostic archéologique par l’INRAP (Institut national de recherches archéologiques préventives). La livraison du bâtiment est prévue pour le premier semestre 2026.
« La diffusion avec des expositions sur le site mais aussi hors les murs est au cœur de la mission de l’Institut pour la photographie, explique Anne Lacoste, sa directrice. Nous avons développé un programme de bourses [la 6e édition sera consacrée à l’étude historique, théorique ou à la recherche créative des murs d’images] et soutenons activement la création comme la recherche avec les Journées francophones de la Recherche en Histoire de la photographie. L’Institut a accueilli ses trois premiers fonds en 2021 : Bettina Rheims, Jean-Louis Schoellkopf et Agnès Varda. Nous publions, en coédition avec delpire & co, la collection des Carnets (Agnès Varda, Bettina Rheims) et venons de lancer un appel à candidatures [date limite au 31 janvier 2024] dans le cadre d’un Fonds de soutien au livre photo jeunesse. Un prix sera attribué tous les deux ans, avec une dotation de 10 000 euros pour la publication d’un ouvrage francophone destiné aux enfants et adolescents. »
« Ce projet de l’Institut pour la photographie s’inscrit dans une réflexion plus vaste concernant le rapport de la France, de l’Europe, à la diffusion et à la défense de la photographie, poursuit Marin Karmitz, président de l’Institut pour la photographie. La France est un territoire privilégié pour la photographie. Nous avons perdu notre leadership dans certains modes d’expression, mais nous continuons à être très présents dans la photo, et de façon très diverse. Les Rencontres d’Arles sont l’équivalent du Festival de Cannes pour la photo, c’est un vrai lieu de rencontres dans le sud de la France, dont la vocation est de s’élargir au bassin méditerranéen. Paris est aussi très présent, d’une façon complémentaire, à travers ses institutions – le Jeu de Paume, la MEP (Maison européenne de la photographie), la BnF (Bibliothèque nationale de France), les musées… – et le marché – les galeries, la foire Paris Photo… Il manquait le Nord et le travail sur les archives – le passé relu dans le présent, pas uniquement de l’archivage –, ce qu’ont très bien perçu Xavier Bertrand, président de la Région Hauts-de-France, et Sam Stourdzé, ancien directeur des Rencontres d’Arles, à l’initiative de ce projet. L’idée est de créer les conditions pour garder en France un certain nombre de fonds photographiques qui, sans cela, partiraient à l’étranger. La possibilité de le faire à Lille nous ouvre des territoires très proches, avec qui nous collaborons : la Belgique, l’Allemagne, la Suisse, l’Angleterre. Cette verticale qui va d’Arles à Lille couvre toutes les possibilités de la photo. Nous n’en sommes pas là, il faut la construire. L’ambition est que la France devienne le cœur de la photo mondiale. »
L’Institut pour la photographie présente actuellement, jusqu’au 24 décembre, sa 6e et dernière programmation de préfiguration in situ avant les travaux de rénovation de son bâtiment. Cette saison d’automne donne à voir les travaux de huit artistes contemporains : Bettina Rheims (« Kim Harlow, récits »), David de Beyter (« The Skeptics »), Olivier Despicht (« Photomaton »), Claire Fasulo (« Attirance-Répulsion »), Bertrand Gadenne (« Les poissons, les yeux »), Mohammad Hadi Rahnaward (« Tilatilaa »), Justine Pluvinage (« Tandem ») et SAEIO (« Do ut des »). « Inspirées d’histoires singulières, leurs démarches sensibles et réflexives nous ouvrent de nouvelles perspectives pour questionner collectivement notre rapport au monde, de l’intime au politique », résume Anne Lacoste, commissaire générale, avec la collaboration du collectif Jeunes Critiques d’art pour la présentation écrite des expositions.
Dans le cadre du hors les murs, l’installation de Théodora Barat (« Proving ground / Ground zero »), l’une des quatre lauréats du programme de soutien à la recherche et à la création décerné en 2021 par l’Institut pour la photographie sur le thème « Photographie et politiques de la Terre », est accueillie à l’Espace Le Carré.
Institut pour la photographie, 11 rue de Thionville, 59000 Lille ; Espace Le Carré, 30 rue des Archives, 59800 Lille. Entrée gratuite.