Du 10 au 12 novembre s’est tenue la 9e édition de la foire luxembourgeoise dans une structure architecturale souple, qui fait vite oublier qu’elle est une tente. Située sur une place stratégique de la cité, entre la ville ancienne et le plateau du Kirchberg qui accueille institutions européennes, financières et culturelles de premier plan, elle ne passe pas inaperçue.
La foire, désormais dirigée par l’Allemande Caroline von Reden, était toujours divisée en trois secteurs. Cette année, la ville de Vienne faisait l’objet du Focus et était représentée par sept galeries. Le secteur Take Off – qui comptait 17 participants – est resté consacré à des enseignes considérées comme émergentes ou à des espaces cogérés par des artistes. Enfin, la partie principale ne comptait pas moins de 52 galeries. Tous secteurs confondus, la participation majoritaire se partageait entre les trois pays limitrophes, avec 22 enseignes françaises, 18 belges, 13 allemandes, venant s’ajouter aux 11 luxembourgeoises.
Il s’agit donc d’une foire de proximité à l’invitation de laquelle le public a répondu en masse, comme l’ont confirmé la preview du jeudi soir, le vernissage public du lendemain ou encore le très couru dîner du samedi soir, où les tables dressées dans les couloirs de la foire ont accueilli pas moins de 600 convives. Au fil des ans, la manifestation est ainsi devenue un rendez-vous incontournable de la vie culturelle luxembourgeoise, entre autres par sa capacité à en fédérer les acteurs privés comme institutionnels (Mudam, Casino, Rotondes, Villa Vauban…).
Il faut dire que depuis deux ans et sa nouvelle implantation, l’offre proposée par la foire s’est considérablement améliorée, notamment grâce à une exigence et une professionnalisation accrue du secteur Take Off. Cet espace prospectif a longtemps été le « maillon faible » de la manifestation et déséquilibrait celle-ci par rapport à sa section principale. En accueillant cette année des enseignes comme La La Lande et Spiaggia Libera (Paris), Modulab (Metz), Félix Frachon (Bruxelles), Tatjana Pieters (Gand), Reuter Bausch Art Gallery (Luxembourg), Lage Egal (Berlin) ou Queer Art Spaces (Vienne), le niveau a été haussé et l’offre générale s’en est trouvée beaucoup plus homogène.
C’est sans doute ce sentiment de meilleur équilibre qui a fait dire à plusieurs participants que cette édition de la foire a dégagé une énergie positive, notamment due « à sa bonne organisation à tous points de vue », ce dont s’est félicité Pierre Babut (Belgian Gallery, Bruxelles). Après cette première participation, il s’est dit « prêt à renouveler sa venue l’année prochaine ». Nathalie Berghege (de la galerie parisienne Lelong & Cie, l’une des fidèles de la manifestation), quant à elle, a apprécié « le format très dynamique de la foire » et le fait que « les Luxembourgeois jouent le jeu. Ce sont des gens très demandeurs, très curieux ». La galerie – qui avait conçu un très beau stand sur le thème de la nature – s’est ainsi défaite de sa grande toile de Fabienne Verdier autour de 200 000 euros, d’un leporello d’Etel Adnan, d’un bronze de David Nash et d’autres œuvres d’Arnulf Rainer, Jan Voss et Christine Safa.
Alex Reding (galerie Nosbaum Reding, Luxembourg), le fondateur de la foire, a constaté « une amélioration d’année en année. Là, je pense que nous sommes arrivés à un bon gabarit, aux alentours de 80 galeries. Nous n’avons pas besoin d’avoir une taille équivalente à Art Brussels ou à Art Cologne [qui en comptent à peu près le double, NDLR] ». Parfait connaisseur d’un public que certains participants étrangers ont parfois des difficultés à cerner, il a affirmé « avoir voulu faire autre chose cette année sur [son] stand, donner une autre lecture et abandonner le traditionnel White Cube. C’est-à-dire, créer un moment agréable, en élaborant un accrochage que chacun pourrait faire chez soi dans son salon ». « J’ai souhaité créer une meilleure articulation entre mes artistes étrangers (Thomas Arnolds, Tony Cragg, Damien Deroubaix, Barthélémy Toguo, Peter Zimmermann)et mes artistes luxembourgeois ou de la Sarre (Mike Bourscheid, August Clüsserath, Nina Tomàs, Su-Mei Tse), a-t-il poursuivi. Je crois qu’une galerie luxembourgeoise comme la mienne a un rôle à jouer, tant vis-à-vis de ses artistes que de ses collectionneurs ».
Enfin, Il ne faut pas non plus négliger le parcours de sculptures désormais à la hauteur de l’événement. Il est consacré à un seul artiste, l’Atelier Van Lieshout, et sa présentation se prolonge après la foire, jusqu’au 25 novembre…
« The Rebellion by Atelier Van Lieshout », jusqu’au 25 novembre 2023, divers lieux, Luxembourg-Ville.