Gennaro Sangiuliano, ministre italien de la Culture, a choisi Pietrangelo Buttafuoco, journaliste et écrivain de droite qui a notamment publié une biographie de Silvio Berlusconi, pour devenir le prochain président de la Biennale de Venise. Les membres de la coalition au pouvoir en Italie ont affirmé que cette décision mettrait fin à la mainmise de la gauche sur cette institution vieille de 128 ans, tandis que les membres de l’opposition ont accusé le gouvernement de mener un « assaut » contre les institutions culturelles du pays.
Raffaele Speranzon, sénateur originaire de Venise et membre du parti Frères d’Italie de Giorgia Meloni, a révélé ce choix dans une note qui a été diffusé hier avant qu’une annonce officielle n’ait été faite. « Un autre plafond de verre a été brisé, a déclaré Raffaele Speranzon dans ce texte. La gauche considérait la Fondation Biennale comme un fief où elle pouvait placer ses amis et ses acolytes. Buttafuoco représente le type de changement radical que le gouvernement Meloni souhaite étendre à toutes les institutions culturelles et sociales de la nation : les personnalités seront choisies uniquement pour leur profondeur, leur compétence et leur expérience ».
Le ministre de la Culture Gennaro Sangiuliano a ensuite confirmé son choix. La proposition va maintenant être examinée par les commissions culturelles du Sénat et de la Chambre des députés avant que la nomination ne soit officialisée par un décret.
Pietrangelo Buttafuoco est un ancien dirigeant du Fronte della Gioventù, l’aile jeunesse du parti néofasciste Mouvement social italien (MSI), ancêtre des Frères d’Italie, et a commencé sa carrière en tant que journaliste pour plusieurs journaux et magazines italiens de droite. Il a été président du Teatro Stabile de Catane, sa ville natale, de 2007 à 2012, et est actuellement président du Teatro Stabile d’Abruzzo à L’Aquila. Son dernier livre s’intitule Beato lui. Panegirico dell’arcitaliano Silvio Berlusconi (ou Béni soit-il. Panégyrique de l’archi-italien Silvio Berlusconi). Un hymne à la gloire du Cavaliere.
Roberto Cicutto, l’actuel président de la Biennale, quittera ses fonctions en mars 2024, à la fin de son mandat. Depuis sa nomination en 2020, il a mené d’importants travaux visant à transformer les archives historiques de la Biennale en un centre de recherche permanent. Il est prévu de transférer ces archives du port de Marghera à l’ancienne Corderie de l’Arsenal d’ici 2026.
Rachele Scarpa, membre de gauche de la Chambre des députés d’Italie représentant Venise, a déclaré que le choix de Pietrangelo Buttafuoco offrait « une vision effrayante de la manière dont la droite envisage les institutions culturelles de notre pays ». « Aujourd’hui, la droite a franchi une nouvelle étape dans sa conception de l’État comme une chose qui lui appartient. L’attaque de la droite contre les institutions culturelles de notre pays est extrêmement inquiétante », a déclaré Irene Manzi, membre de la commission culture à la Chambre des députés d’Italie.
La coalition au pouvoir a déjà été accusée de s’immiscer dans la culture au début de l’année lorsqu’elle a évincé Carlo Fuortes, directeur général du radiodiffuseur public Rai, pour laisser la place à son favori, Roberto Sergio. Le mois dernier, des politiciens de droite ont demandé à Christian Greco, directeur du musée égyptien de Turin, de démissionner en raison de sa décision, en 2018, d’offrir des billets à prix réduit aux personnes parlant l’arabe. Andrea Crippa, chef adjoint du parti de la Ligue de Matteo Salvini, a dépeint cette initiative comme « raciste envers les Italiens ».