Juanita McNeely, peintre féministe dont les toiles ont été largement inspirées par ses difficultés personnelles, vient de décéder. Elle avait 87 ans. Sa mort a été confirmée par la galerie James Fuentes (New York), avec laquelle elle travaillait depuis 2020. Bien qu’elle ait consacré sa vie à la peinture, c’est au cours des dernières années que sa carrière a pris son élan le plus important et qu’elle a commencé à bénéficier d’un soutien institutionnel.
Née à Saint-Louis (Missouri) en 1936, elle s’est découvert une passion pour la peinture dès son plus jeune âge et, à 15 ans, elle a obtenu grâce à ses peintures à l’huile une bourse d’études. Sa famille l’a encouragée dans cette voie et a transformé pour elle son garage en atelier. Selon l’essai de l’artiste Sharyn M. Finnegan publié en 2011 dans le Woman’s Art Journal, l’artiste a souffert d’un « cas terrifiant de saignement excessif » si grave qu’elle n’a pas pu fréquenter son lycée pendant un an. Les images de femmes qui saignent imprégneront par la suite son œuvre.
C’est durant ses années d’études à la Saint-Louis School of Fine Arts de la Washington University qu’elle subit le deuxième traumatisme médical majeur de sa vie : le diagnostic d’un cancer qui ne devait lui laisser que trois à six mois à vivre. Lorsque son médecin lui a suggéré de consacrer le reste de son temps à faire ce qui la rendait heureuse, elle a décidé de rester inscrite à l’école d’art. Malgré ce pronostic, McNeely survit et obtint une maîtrise à la Southern Illinois University, après quoi elle s’est installée à Chicago et est devenue professeure à l’école de l’Art Institute of Chicago. En 1967, elle a déménagé à New York et est devenue l’une des premières résidentes du complexe Westbeth Artist Housing, où elle vivra et travaillera jusqu’à la fin de sa vie.
Peu après son installation à New York, son cancer est réapparu et, alors qu’elle était à l’hôpital, les médecins découvrent qu’elle est enceinte. L’avortement n’étant pas encore légalisé aux États-Unis, les médecins ont refusé de réaliser l’intervention, si bien qu’elle a dû se faire avorter illégalement et a frôlé la mort. Cette expérience lui a inspiré son saisissant tableau de 1969 intitulé Is It Real? Yes, It Is! exposé à la James Fuentes Gallery en 2020, avant d’être acquis par le Whitney Museum of American Art, où il est actuellement présenté.
Ces dernières années, l’intérêt pour l’œuvre de McNeely s’est considérablement accru. Entre autres expositions, sa première rétrospective institutionnelle, « Indomitable Spirit », a été présentée à l’université Brandeis en 2014. Une exposition personnelle de son travail s’est ouverte en septembre à l’antenne de la James Fuentes Gallery à Los Angeles, où elle sera visible jusqu’au 18 novembre. Enfin, la galerie Natalie Seroussi, à Paris, a réuni dans son exposition collective « Venus Unchained » un ensemble d’huiles sur lin réalisées par l’artiste entre 1960 et 1990, à voir jusqu’au 15 janvier 2024.