Présent dans les plus grandes collections publiques et privées, de la Pinault Collection à la Fondation LUMA, Urs Fischer n’est guère au creux de la vague. Le voilà maintenant, et jusqu’au 30 novembre, place Vendôme, dans le cadre du hors les murs de la foire Paris+ par Art Basel, baptisé « programme public » car il est en accès libre... Ce n’est pas avec l’une des sculptures en cire monumentales et inflammables qui ont fait son succès, notamment à la Biennale de Venise 2011 et à l’ouverture de la Bourse de Commerce, qu’il occupe cette fois les lieux. Mais avec Wave, une vague géante de cinq mètres de haut en aluminium fraisé, présentée grâce à la galerie Gagosian. Pour la réaliser, l’artiste suisse installé à Los Angeles est parti d’un petit bloc d’argile qu’il a façonné dans la paume de sa main. La forme est ensuite scannée et produite numériquement, reproduisant en grand le travail manuel de l’artiste.
Dix œuvres de cette série Big Clays ont déjà été montrées dans le monde, de Florence à New York. Celle intitulée L’Arc (2016) se distingue avec celle-ci par son processus de fraisage qui lui confère une finition plus travaillée. Malheureusement, il est impossible ici d’approcher la pièce de près : elle a été placée en hauteur sur un énorme podium « pour des raisons techniques », précise l’artiste, afin d’empêcher que le public ne soit tenté de l’escalader. Impossible également à deux personnes de se regarder l’une l’autre à travers, ce qui pourtant semblait être l’une des possibilités initiales. D’autres œuvres monumentales installées jadis place Vendôme, dont celle d’Alexander Calder, étaient pourtant au même niveau que les spectateurs...
Quoi qu’il en soit, Wave est de fait sacralisée comme dans un musée, loin du propos de l’art dans l’espace public... Urs Fischer a retenu de la vague son « climax » et la forme d’oculus qui apparaît en son centre, « ce qu’on voit dans les estampes d’Hokusai », explique vaguement l’artiste. Voici une centaine d’années, la sculptrice Camille Claudel s’était emparée avec brio du motif de la vague de Kanagawa en représentant des baigneuses sous une immense vague sur le point de déferler. C’est ce moment suspendu, « la forme avant qu’elle ne s’effondre », qui préoccupe ici Urs Fischer. Fragilité de l’œuvre qui peut prendre forme ou s’écrouler... Une métaphore de la vie humaine.