Cette année, la foire se déploie sur les quatre lumineux plateaux de l’ancien central téléphonique du 9e arrondissement. Comme pour l’édition précédente, il a été fait appel au cabinet d’architectes suisse Christ & Gantenbein pour scander l’espace avec des cimaises disposées parallèlement en diagonale. Celles-ci offrent un agréable confort de visite et de circulation, mais ont surtout permis à quelques galeries, plus audacieuses ou inventives que les autres, d’y déployer de véritables expositions monographiques. La peinture, et dans une moindre mesure, la sculpture, y occupe une place de choix et ce sont les galeries berlinoises qui semblent avoir le mieux joué le jeu. Elles ont profité de l’opportunité qui leur était ainsi offerte de montrer l’œuvre des artistes qu’elles défendent dans des conditions optimales sur la place parisienne à l’occasion de cette semaine de l’art contemporain, dont Paris Internationale est devenue un rendez-vous incontournable.
Ainsi, la galerie Kow (Berlin) présente un convaincant ensemble linéaire de sept tableaux de Sophie Gogl. Ils ont la particularité de faire penser à l’esthétique de Jacques Monory, tant par les sujets abordés que par la forme et les couleurs utilisées, une savante combinaison de rose et de bleu du plus bel effet. À proximité, une autre galerie berlinoise, BQ, présente un remarquable solo show de l’artiste pluridisciplinaire Raphaela Vogel qui, outre une sculpture-vidéo (46 000 euros), présente un ensemble de sculptures ouvertes en polyuréthane (16 000 euros pièce) et surtout de saisissantes peintures à l’huile sur peau de cuir particulièrement aboutie (20 000 euros, pièce). En juin 2024, le centre d’art La Synagogue de Delme lui consacrera une exposition personnelle. On ne manquera pas non plus le stand de mehdi chouakri, toujours de Berlin, qui marie audacieusement la série des Cuddly Dot, soit les objets muraux en fourrure synthétique de Sylvie Fleury (24 000 euros) et les sculptures minimalistes en acier galvanisé de Charlotte Posenenske (à partir de 20 000 euros) pour un ensemble de quatre éléments assemblables. À la suite de l’arrêt définitif de leur production, ses œuvres sont réservées uniquement aux musées ou aux collections privées accessibles au public. Une autre galerie berlinoise, ChertLüdde, propose un autre stand incontournable, en instituant un dialogue entre les peintures organiques de Tyra Tingleff et les sculptures filiformes en fer découpé de Monia Ben Hamouda affichées à 10 000 euros.
Les affaires semblent avoir bien démarré, comme chez Crèvecœur (Paris) qui s’est rapidement défait de ses grandes peintures de Yu Nishimura affichées à 60 000 euros, tout comme pour Ciaccia Levi (Paris-Milan) avec les très décoratives sculptures en céra- mique de Zoe Williams proposées à 8 000 et à 15 000 euros. Le CNAP (Centre national des arts plastiques) renouvelle son partenariat avec la foire, en soutenant le projet de quatre artistes (Eva Barto, Béatrice Lussol, Malik Nejmi et le duo Grout/Mazéas) dont les œuvres sont parfaitement intégrées au parcours des visiteurs, à la différence de l’année précédente.
Si la foire s’est assagie depuis ses débuts, elle a gagné en qualité, en proposant souvent des œuvres de haut niveau, ainsi qu’un éclectique programme de rencontres et conférences. Seul bémol, l’accès difficile à l’information de base, soit le nom des artistes exposés, de la part de certaines galeries, surtout asiatiques, adeptes du tout numérique...
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Paris Internationale, jusqu’au 22 octobre, 17, rue du Faubourg Poissonnière, 75009 Paris.