Paris+ par Art Basel a ouvert les portes de sa deuxième édition sur des attentes élevées. La comparaison avec Frieze London et Frieze Masters ou même avec sa propre foire sœur suisse à Bâle alimentaient les débats. Les participants étaient également impatients de savoir si Paris+ allait devenir véritablement « parisienne », alors que la capitale française propose un grand nombre d’expositions institutionnelles et en galeries de très haut niveau parallèlement à la foire. Et ce, dans un contexte d’événements internationaux vraiment dramatiques et d’une menace terroriste accrue à Paris même.
« Nous n’en sommes qu’à la première heure et demie de la foire, nous a déclaré Alex Logsdail, directeur de la Lisson Gallery. Les gens sont psychologiquement affectés. Il est évident que les nouvelles sont terribles et continuent de l’être. La situation est grave à bien des égards depuis que la guerre a éclaté en Ukraine, et la situation en Israël et à Gaza est vraiment effroyable. C’est une tragédie humanitaire, il n’y a pas d’autre façon de voir les choses. »
Ceux qui ont assisté à Frieze à Londres la semaine dernière ont pu le confirmer quelques jours plus tard à Paris+: si Frieze a conservé une identité plus « cool » et plus avant-gardiste, les galeries se sont mises au diapason pour Paris. Cela s’est traduit par des prix plus élevés et des œuvres de premier plan que nous n’avons pas vus à Frieze cette année, les collectionneurs choisissant une foire plutôt que l’autre.
« Paris+ confirme son importance, déclare Kamel Mennour, président et fondateur de Mennour. Depuis l’ouverture ce matin, la densité de collectionneurs internationaux, de conservateurs et d’acteurs du monde de l’art a été extrêmement élevée et stimulante. Jusqu’à présent, nous avons placé plusieurs œuvres dans des collections importantes ».
Parmi les pièces cédées, citons Kerry James Marshall (6 millions de dollars), Marlene Dumas (3 millions de dollars) et Alice Neel (3 millions de livres sterling) chez David Zwirner, dont les ventes du premier jour ont totalisé 20 millions de dollars, soit près du double par rapport à l’année dernière.
« Nous avons eu la chance aujourd’hui de vendre des œuvres à certains collectionneurs qui n’ont pas pu venir à Frieze London, a déclaré David Zwirner. Il y a plus de collectionneurs américains ici à Paris+ qu’à Frieze London cette année, et je dirais que nous avons vu un nombre surprenant de collectionneurs asiatiques à la fois à Londres et à Paris ». Female Portrait Composition (2023) de George Condo est partie à 2,3 millions de dollars chez Hauser & Wirth, qui a vendu la totalité de son stand, notamment Landscape (2023) de Nicolas Party pour 955 000 dollars, Untitled («The heart of a blue whale is the size of a car») (2021-2022) de Roni Horn pour 1,5 million de dollars, et The Nature of Space (2023) de Mark Bradford pour 1,8 million de dollars.
« Je connais beaucoup de collectionneurs qui sont venus à Londres parce qu’ils avaient déjà fait le voyage en Europe, et beaucoup de gens qui sont venus pour le week-end de Frieze et qui se sont ensuite rendus à Paris et… il y a beaucoup de gens qui viennent seulement à Paris. C’est un peu comme s’ils choisissaient leurs favoris », explique Alex Logsdail. « Cela a inévitablement pour effet de scinder le public d’une manière ou d’une autre. Je ne sais pas si c’est aussi polarisé que les gens le pensent, mais je crois que les galeries ont apporté des œuvres plus haut de gamme à Paris », ajoute-t-il.
Lisson a réalisé de belles ventes dans les heures qui ont suivi l’ouverture de la foire, avec As Yet Untitled (2021) d’Anish Kapoor vendu pour 800 000 livres sterling, Response (2023) de Lee Ufan pour 700 000 livres sterling, From Point (1980), également de Lee Ufan, pour 250 000 livres sterling, et Untitled (2022) de Rodney Graham pour 300 000 ivres sterling. Thaddaeus Ropac a également vendu des œuvres de Rachel Jones pour 25 000 livres sterling, Georg Bazelitz pour 1,3 million d’euros, une peinture de Simon Hantaï pour 1,1 million d’euros et un Rauschenberg, Untitled (1962), pour 2 millions de dollars. « Paris a depuis toujours façonné l’imagination des artistes et pour nous l’excitation débridée pour le travail d’Henry Taylor et pour l’art présenté sur notre stand à Paris+ – des peintures et sculptures exceptionnelles d’Ed Clark, Lee Lozano, Mike Kelley, Roni Horn, Mark Bradford, Nicolas Party, George Condo et Rashid Johnson – reflète à la fois l’élan unique et déterminant de Paris et son appétit pour le type de rigueur conceptuelle qui se trouve au cœur de notre programme », a déclaré Marc Payot, président de Hauser & Wirth.
Pace a présenté un stand exceptionnel de ses artistes en écho à Mark Rothko, parallèlement à l’exposition encensée que lui consacre la Fondation Louis-Vuitton. La sculpture Trait Transference (2015) d’Alicja Kwade s’est vendue 65 000 dollars, Red-Orange Brain (2023) de Loie Hollowell pour 450 000 dollars, Liveness and Distance 2 (2023) de Torkwase Dyson pour 120 000 dollars, et Black Dada (A) (2023) d’Adam Pendleton pour 275 000 dollars. D’autres œuvres de cet ensemble seront exposées aujourd’hui. Le galeriste parisien Mennour a vendu No Message de Camille Henrot pour 300 000-400 000 euros à un collectionneur privé, Neunteraugustzweitausenddreiundzwanzig (2023) d’Ugo Rondinone pour 200 000-250 000 euros et une œuvre de Ryan Gander I Be… (Lxv) (2023) pour 95 000 livres sterling.
Le galeriste parisien André Magnin, spécialisé dans l’art africain contemporain, a également connu un début de foire positif, au diapason du sentiment général parmi les galeristes et les VIP. « Après la première édition de l’année dernière, qui avait suscité beaucoup de curiosité, nous étions impatients de voir ce qui allait se passer à l’ouverture de la deuxième édition, mais nous avons vite été rassurés. Nous sommes très impressionnés par la présence de collectionneurs internationaux, beaucoup d’Américains, d’Asiatiques et d’Italiens. Les deux artistes que nous exposons suscitent beaucoup d’intérêt. Nous avons vendu deux œuvres sur le stand et trois sont réservées. Jusqu’à présent, c’est un très bon début », déclare André Magnin. Pilar Corrias, qui a présenté un stand de deux artistes avec Vivian Zhang et Rirkrit Tiravanija, a déjà vendu toutes les œuvres de Zhang.
Le stand de Gagosian présente ses artistes dans une intervention architecturale de Carol Bove, qui a récemment rejoint la galerie. Parmi les pièces figurent celles de Carol Bove, Helen Frankenthaler Amoako Boafo, Giuseppe Penone, Derrick Adams, Urs Fischer et Stanley Whitney - qui ont toutes été vendues. « Les premières heures de la foire ont semblé encore plus animées cette année, et nous avons vendu un certain nombre d’œuvres dans les premières minutes qui ont suivi l’ouverture des portes, a déclaré Serena Cattaneo Adorno, senior director chez Gagosian, dans un communiqué. L’intervention architecturale de Carol Bove à l’intérieur du stand a constitué sa première intervention à la galerie, et les œuvres qu’elle a vendues sont allées à des collections privées et publiques. Nous avons reçu des retours positifs – tant sur la foire que sur le programme d’exposition de notre galerie – de la part de collectionneurs et d’institutions qui sont venus du monde entier. C’est une évolution importante par rapport à l’époque où nous avons ouvert à Paris il y a plus de treize ans ».
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Paris+ par Art Basel, 20-22 octobre 2023, 20-22 october 2023, Grand Palais Éphémère, place Joffre, 75007 Paris.