Alors que des températures records continuent d’être enregistrées en Europe, l’empreinte carbone du monde de l’art fait l’objet d’une attention plus soutenue. De nombreux musées et galeries sont contraints de réduire leurs émissions et leur impact sur l’environnement, notamment en raison de l’obligation de publier leurs données sur l’environnement, la responsabilité sociale et la gouvernance (ESG).
La méga galerie suisse Hauser & Wirth, par exemple, publie désormais systématiquement un bilan carbone complet pour chacune de ses expositions, en collaboration avec la Carbon Accounting Company.
Le British Museum de Londres, quant à lui, a publié une « éthique de la durabilité » dans laquelle il s’engage à « améliorer la durabilité dans tous les aspects du fonctionnement du British Museum et de ses chaînes d’approvisionnement, de l’utilisation de l’énergie à la gestion des déchets, des bâtiments à la programmation, de nos collaborations mondiales aux nouvelles connexions. »
Le transport contribue pour une bonne part aux chiffres présents dans les reportings ESG de nombreux musées et galeries. En cause, les coûts environnementaux du fret et de l’expédition d’œuvres de haute valeur dans le monde entier pour les expositions.
Pour y remédier, de nouvelles entreprises se sont donné pour mission de réduire le bilan carbone de l’emballage et du transport des œuvres d’art à travers le monde. Tel est le cas de la société britannique Rokbox Loop, un nouveau service de location d’emballages et d’expédition lancé lors de la foire Art Basel à Bâle en juin 2023.
Ce service, auquel est associée l’entreprise de logistique pour les œuvres d’art Gander & White, cherche à inverser ce qu’Andrew Stramentov, PDG de Rokbox Loop, appelle le système « fabriquer-utiliser-détruire » des caisses en bois à usage unique, actuellement en usage dans de nombreuses galeries.
Pour le remplacer, ce dernier propose un nouveau système de location : les galeries louent des caisses réutilisables et recyclables pendant un mois avant de les renvoyer à l’une de ses plateformes logistiques.
« Rokbox Loop réduit les émissions de CO2, les coûts et les déchets liés au transport des œuvres d’art, explique-t-il. La plateforme pourrait réduire jusqu’à 90 % les émissions de carbone liées à l’expédition des œuvres d’art lors des foires. »
Une telle réduction s’explique principalement par le poids des nouvelles caisses proposées par l’entreprise, nettement moins lourdes que celles traditionnelles en bois utilisées pour le fret aérien. « Les caisses Rokbox sont 90 % plus légères que les caisses de musée équivalentes et nécessitent donc 90 % d’énergie en moins pour les transporter », explique Andrew Stramentov.
Les caisses sont collectées et renvoyées à l’un des sept centres opérationnels au moment du lancement, situés à Londres, New York, Miami, Los Angeles, San Francisco, Paris et Zurich. D’autres plateformes seront disponibles dans des villes d’Amérique du Nord, d’Europe, d’Asie-Pacifique et du Moyen-Orient dans le futur. Ce système pourrait être « révolutionnaire », selon Andrew Stramentov. Cela reste à vérifier, mais avec les températures records enregistrées d’années en années, il est important que le monde de l’art change rapidement sa façon de travailler.