Si les galeries internationales d’art contemporain ouvrant un espace à Paris sont désormais légion, c’est plus rarement le cas pour celles de design. L’arrivée de l’Américaine Friedman Benda – fondée en 2007 – marque à coup sûr un pas de plus dans l’exceptionnel boom que connaît la capitale française. L’enseigne new-yorkaise inaugurera début 2024 sa nouvelle adresse, situé au 38 rue du Temple et dotée d’une belle surface de 500 m2. « Le Marais est un quartier formidable, tout est accessible à pied, et beaucoup de galeries importantes se trouvent aux alentours. Quand nous avons découvert l’espace, parfait pour une galerie avec sa lumière naturelle fournie par la verrière, nous avons trouvé que c’était l’endroit idéal pour ce que nous faisons », confie Marc Benda, qui a jadis écumé les galeries parisiennes et les Puces quand il était stagiaire au Musée des arts décoratifs. « C’est aussi près des musées, du Centre Pompidou, de la Bourse de Commerce ou de la [future] Fondation Cartier », ajoute Jennifer Olshin, associée et cofondatrice de la galerie.
Pour le tandem, participer aux foires ne suffisait plus. « Jusqu’à maintenant, nous n’avons été présents en Europe qu’à travers nos participations à la Tefaf Maastricht ou à Design Miami/ Basel. Nous voulons établir un programme qui s’enracine en Europe tout comme nous sommes déjà enracinés aux États-Unis, pas juste répliquer notre galerie de New York. Nous souhaitions proposer à notre écurie d’artistes de pouvoir exposer à Paris et nous avons pensé qu’il allait être crucial pour nous de faire partie du riche tissu de galeries et d’artistes de la capitale », explique Marc Benda.
Centrée sur la dimension expérimentale et contemporaine du design, avec des designers tels que Estudio Campana, Wendell Castle, Raphaël Navot, Nendo ou Thaddeus Wolfe, l’enseigne devra mieux faire connaître son travail dans la Ville Lumière. Couvrant cinq continents et cinq générations, « les artistes que nous représentons sont globaux. Or, la plupart ont été peu montrés en France. Nous avons jugé que c’était le bon moment », précise la codirectrice. Sous la houlette de la directrice Astrid Malingreau, qui bénéficie d’une très solide connaissance de la spécialité, la programmation spécifique à Paris devrait, à travers des expositions de groupe ou monographiques, mettre en avant la « matérialité » de ces créations, « au cœur de notre programme ». « Si Andrea Branzi ou Ettore Sottsass sont bien connus à Paris, il y a beaucoup de nos artistes qui n’y ont pas été montrés », précise Marc Benda. « Et quand ils sont déjà connus, nous avons l’intention de montrer des pans méconnus de leur travail, peu ou pas présentés à Paris », complète Jennifer Olshin. Cela sera prochainement le cas avec Andrea Branzi par exemple.
L’automne s’annonce bien rempli pour la galerie. Celle-ci participera pour la première fois à Frieze Masters à Londres en octobre mais également le même mois à l’édition inaugurale de Design Miami/ Paris, en marge de Paris + par Art Basel. « Frieze Masters s’inscrit dans un contexte plus large, celui d’un grand salon montrant des pièces importantes et diversifiées. Malgré le Brexit, Londres conserve une place très solide dans le marché de l’art, avec des collectionneurs que nous ne voyons pas du tout à New York. Au contraire, à Paris, ce sera une foire centrée sur le design, plus petite. L’environnement sera différent, c’est ce qui est excitant pour nous », commente Marc Benda. L’enseigne a aussi participé en juin 2023 à Design Miami/ Basel. « Même dans son format plus réduit, cette foire a été synonyme de succès. Nous avons vu venir un public très important », explique-t-il. En Europe, la rivalité triangulaire Bâle-Londres-Paris a encore de beaux jours devant elle…