Située au cœur de Paris, dans le quartier emblématique des Halles, mais aussi tout proche du Louvre, l’église Saint-Eustache, qui a été voulue par François 1er, se situe architecturalement entre le gothique et le style Renaissance. Comme beaucoup d’autres monuments, l’édifice nécessite en permanence des interventions patrimoniales. Tout récemment, c’est ainsi sa chapelle Saint-Joseph qui a fait l’objet d’un vaste chantier, mené entre septembre 2022 et l’été 2023. Les décors peints, particulièrement abîmés, ont bénéficié d’une consolidation de la couche picturale, d’un nettoyage ainsi que de retouches pour retrouver toute leur splendeur. Ces travaux ont permis de redécouvrir des scènes de la vie de Jésus-Christ peintes au XVIIe siècle. Ce chantier n’aurait jamais pu être réalisé sans le mécénat du World Monuments Fund (WMF), une organisation non gouvernementale présidée par Bénédicte de Montlaur et dont le siège se trouve à New York. Le dévoilement de cette chapelle restaurée coïncide avec l’ouverture d’un bureau de cet organisme à Paris, plus précisément rue de Douai, dans le 9e arrondissement, et dirigé par Mathilde Augé. L’ONG ne bénéficiait plus d’une représentation en France depuis 2017, une anomalie pour cette structure qui s’est donnée pour mission depuis sa création en 1965 de protéger les sites patrimoniaux les plus exceptionnels et de financer des interventions d’urgence pour les préserver. « L’ouverture d’une filiale en France est une étape logique de notre développement et le World Monuments Fund va y consacrer des financements importants. Nous avons en particulier la chance de nous appuyer, pour la création de cette nouvelle filiale, sur une généreuse donation de la Florence Gould Foundation de 1 500 000 dollars. Au total, près de 7 millions sont actuellement mobilisés sur la France », précise Bénédicte de Montlaur.
L’organisme, dont le conseil d’administration est présidé dans l’Hexagone par le Prince Amyn Agha Khan, Juan Pablo Molyneux en étant le vice-président, a déjà mené un grand nombre d’actions dans notre pays, en faveur du Potager du roi à Versailles, du château de Chantilly et, à Paris, de la Chancellerie d’Orléans, des églises de Saint-Merri et Notre-Dame-de-Lorette, de l’hôtel de Talleyrand, de la bibliothèque de l’Arsenal, de l’Opéra-Comique, de la Cathédrale américaine de Paris, de l’église Saint-Sulpice ou de l’hôtel des Invalides. L’installation à Paris du World Monuments Fund ne pourra que renforcer le soutien toujours plus nécessaire et coûteux au patrimoine insigne de la France, venant ainsi compléter les divers outils, parfois récents, en faveur de ces monuments historiques.
Enfin, l’ONG a aussi, à l’occasion de l’ouverture de son bureau dans la capitale, noué un partenariat avec l’Unesco en vue d’établir un inventaire du patrimoine culturel juif à travers le monde et de veiller à sa protection. Cet accord, noué pour une durée initiale de cinq ans, va bénéficier d’un budget de 1 million de dollars, tout en pouvant accueillir des financements complémentaires.