S’installer au Palais d’Iéna, siège du CESE, a été un brillant coup d’éclat pour Menart Fair du 15 au 17 septembre 2023. Après les salons de la maison Bonhams Cornette de Saint Cyr, avenue Hoche, dans le 8e arrondissement, Laure d’Hauteville, la fondatrice de cette foire dédiée à l’art du MENA (Middle East North Africa), a réussi son pari : donner une nouvelle ampleur à l’événement, dans cet écrin prestigieux signé Auguste Perret. De fait, le nouveau lieu a placé chaque exposant à égalité : les stands étaient répartis de part et d’autre d’une allée centrale, chacun bénéficiant de la généreuse lumière des baies vitrées. Autre nouveauté : une place plus importante a été accordée au design, qui jalonnait l’allée centrale sur des podiums. Enfin, pour la première fois, d’importantes fondations ont prêté des pièces qui ornaient l’espace d’entrée de la foire, avec des œuvres plutôt historiques, notamment la Farjam Foundation de Dubaï avec une sculpture de cuillères d’Hassan Sharif.
Cet ensemble a formé un contrepoint parfait aux stands qui présentaient fréquemment des artistes jeunes ou à des petits prix. « L’un de nos buts est de montrer des jeunes galeries nouvelles ou récentes que l’on ne voit pas à Paris, nous a confié Joanna Chevalier, directrice artistique de la foire. Dans les premières éditions de Menart Fair, nous voulions nous concentrer sur les galeries parisiennes établies, mais en réalité, les artistes MENA qu’elles montrent, elles le font aussi sur d’autres foires. C’est plus intéressant pour le public de découvrir de nouveaux talents et des galeries émergentes ».
Nombre d’œuvres témoignaient de la réalité contemporaine des artistes de la région, souvent disséminés sur la planète, à cheval sur plusieurs pays ou territoires. Ainsi en est-il du « Vase des civilisations » baptisé The Fruit of Love en céramique, façonné en Iran puis peint par l’artiste Roham Shamekh à Dubaï où se trouve son atelier. Ce travail coloré et exubérant était proposé à 23 000 euros hors taxes. Même constat avec le trio Ramin Haerizadeh, Rokni Haerizadeh et Hesam Rahmanian – Iraniens établis à Dubaï – dont une installation de plats apportée par la galerie In Situ-fabienne leclerc (Romainville) était impossible à rater en début de foire.
Si l’affluence a été nourrie au vernissage, avec 5 730 visiteurs dont un millier de VIP et de collectionneurs, les exposants ont vendu des pièces jusqu’à l’heure de la fermeture, dimanche 17 septembre. La galerie Simine Paris a ainsi cédé une dizaine de pièces « à des Français et des étrangers, des œuvres de Fereydoun Ave, Morteza Khosravi ou Hamid Shams. C’est un succès, nous sommes très contents », confiait Reza Ghobadi, associé de Simine Paris.
De belles ventes ont également été enregistrées chez Jacques Ouaiss, Art Scene Gallery mais également Tanit avec plusieurs céramiques acquises. Dumonteil Contemporary a vendu de grandes œuvres d’Abed Al Kadiri. Zalfa Halabi Art Gallery a aussi trouvé des acquéreurs pour certaines pièces, ainsi que Cheriff Tabet, de l’artiste David Daoud. La galerie myra myra a vendu des dessins de l’artiste iranien réfugié en France Esmaël Bahrani. Parmi les œuvres les plus singulières de cette édition figuraient les carottes dessinées par Fatma Al Ali chez Nika Project Space (Dubaï), et accompagnées d’un tampon géant, à moins de 1 000 euros pour certaines. Une métaphore de la colonisation : les habitants du Golfe avaient été contraints par les Britanniques à mettre un terme à la culture de la carotte violette pour la remplacer par la traditionnelle orangée, une façon de saper les habitudes culturelles locales…
Dans l’ensemble, les artistes libanais ont eu beaucoup de succès, avec des contacts nombreux auprès de musées et d’institutions. La foire a reçu la visite de groupes d’amis de musées ou de représentants de 24 institutions publiques ou privées comme le Palais de Tokyo, le musée d’Art moderne de Paris, la Philharmonie de Paris, la Fondation Cartier pour l’art contemporain, la Fondation Hermès, Pinault Collection, le musée du quai Branly-Jacques Chirac…
Par ailleurs, plus de 50 000 personnes se sont rendues au musée de l’Homme pour découvrir les céramiques de Samar Mogharbel, placées à l’entrée, face à la tour Eiffel. Une foire de rentrée réussie !