Une page va se tourner dans l’histoire des galeries parisiennes. En février 2024, le 22 rue du Bac va tirer le rideau. La galerie Jean Fournier a annoncé sa prochaine fermeture, après 67 ans d’activité. Cette décision fait suite à la disparition en décembre 2022 de Jean-Marie Bonnet, président de l’enseigne parisienne, compagnon de Jean Fournier et soutien de l’entreprise. « La galerie était la propriété de Jean-Marie Bonnet, nous confie Émilie Ovaere-Corthay, directrice des lieux. Ses héritiers ne souhaitent plus continuer ».
C’est en 1999 que Jean Fournier était revenu dans l’espace de la rue du Bac, après avoir consacré des expositions mémorables entre autres à Sam Francis, Shirley Jaffe, Joan Mitchell ou Simon Hantaï dans l’espace plus important de la rue Quincampoix. Pour la critique d’art Catherine Francblin, biographe du galeriste, il y a un avant et un après Jean Fournier. En effet, à sa disparition en 2006, nombre d’artistes majeurs qu’il avait défendu sans relâche sont morts ou sont partis vers d’autres galeries tant leur relation avec le marchand était forte, à l’instar de Claude Viallat qui part chez Templon ou Shirley Jaffe chez Obadia (en 1999)… Sous la houlette d’Émilie Ovaere-Corthay, c’est une autre histoire qui s’écrit ensuite, avec des expositions largement consacrés à des artistes souvent plus jeunes, mais aussi des piqures de rappel historiques comme en 2019 « Joan Mitchell-Jean Paul Riopelle à la rencontre de Jean Fournier ». La galerie s’était vue reprendre dans des conditions difficiles les œuvres de Joan Mitchell par la succession de l’artiste américaine…
Le modèle de la galerie du temps de Jean Fournier était « un peu à l’ancienne, sans grands moyens. Un Perrotin ou un Kamel Mennour n’ont plus de rapports avec une galerie comme celle-là », explique Catherine Francblin. Peu d’artistes, et un galeriste très investi, « qui passait des heures devant les œuvres », souligne-elle. Un œil et un engagement qui font toujours l’admiration, aujourd’hui, des plus jeunes générations de galeristes…
Que deviendra le stock ? Attirera-t-il un repreneur ou passera-t-il aux enchères ? « Rien n’est décidé pour le moment, précise Émilie Ovaere-Corthay, mais les dés sont lancés ». En attendant, la galerie maintiendra jusqu’au bout la programmation avec actuellement à l’affiche Armelle de Sainte Marie (jusqu’au 18 novembre) puis Hélène Valentin, du 23 novembre 2023 au 4 février 2024.