C’est un coup de tonnerre dans le milieu de l’art belge…et international. La galerie anversoise Zeno X va fermer ses portes à la fin de l’année 2023. « Des problèmes de santé ont fait que le stress et la pression [de la galerie] sont devenus trop importants », expliquent Frank et Eliane Demaegd, à la tête de l’enseigne d’art contemporain, dans un communiqué. Ajoutant : « nous prendrons ces prochains mois notre temps pour mener à bien la programmation de la galerie jusqu’en décembre 2023 ». Aux 10 employés et 30 artistes de la galerie, ils ont par ailleurs tenu à préciser qu’il ne s’agissait pas d’une maladie mortelle, et que la santé financière de Zeno X était bonne.
La galerie belge représente pourtant des artistes de premier plan, tels Luc Tuymans, Michaël Borremans, Marlene Dumas, Mark Manders, Anne-Mie Van Kerckhoven, et avait encore participé à Art Basel en Suisse en juin dernier… « La vérité est que [Franck] Demaegd a atteint et dépassé l’âge de la retraite, et qu’il cherchait depuis un certain temps une occasion de ralentir. Et la dure réalité est que le monde de l’art est de plus en plus agité. Surtout si, comme Zeno X, vous agissez au niveau mondial », a commenté le journal De Morgen.
Au démarrage, en 1981, Zeno X « était une petite galerie d’avant-garde qui se concentrait sur les installations d’artistes jeunes et nouveaux à l’époque : Rem Koolhaas, Patrick Van Caeckenbergh, Anne-Mie Van Kerckhoven », souligne le quotidien flamand. L’arrivée de Luc Tuymans dans l’écurie et sa reconnaissance internationale ont accéléré le développement de l’enseigne, qui accède dans les années 1990 à une large reconnaissance à l’étranger. Elle avait déménagé dans un vaste espace industriel à Borgerhout, en lisière d’Anvers, voici une vingtaine d'années. « Avec Zeno X, une galerie qui avait encore une valeur classique comme la loyauté disparaît. Frank Demaegd n’a jamais cherché le succès rapide, mais toujours la longue carrière. Un tel dévouement et une telle patience sont devenus rares dans le monde de l’art d’aujourd’hui. Il existe aujourd’hui des galeries qui catapultent un jeune artiste après l’autre vers les sommets, mais qui les abandonnent tout aussi rapidement une fois que la nouveauté est passée », a confié Philippe Van Cauteren, directeur du SMAK de Gand, au journal De Morgen.