Avec 82 000 visiteurs, cette édition d’Art Basel à Bâle s’est rapprochée de sa fréquentation d’avant la pandémie (93 000 entrées en 2019), après une année de transition (70 000 personnes en 2022). Dans l’ensemble, les ventes ont été solides, tirées par une fréquentation très internationale, plus asiatique qu’américaine. « J’ai très bien travaillé, et j’ai fait la moitié de mon chiffre d’affaires avec des Asiatiques, sachant que j’ai préparé le salon en amont avec le bureau que j’ai ouvert à Shanghai, ce qui est nouveau pour moi, confie le galeriste parisien Jocelyn Wolff. Nous avons rencontré des visiteurs notamment de Hongkong et des gens que nous ne connaissions pas encore ». Et le galeriste d’ajouter : « Nous avons vendu une grande pièce de Santiago de Paoli, autour de 45 000 dollars, à une fondation australienne que je connaissais sans l’avoir vue en Europe. Avant de venir, je ne savais pas à qui je pourrais vendre ces œuvres de cet artiste émergent et identifié sur de plus petites pièces. Nous avons aussi vendu à l’ouverture une œuvre importante de Franz Erhard Walther, affichée à 140 000 euros, avec beaucoup de demandes pour cet artiste un peu oublié pendant la pandémie. Cette foire était la première vraie édition post-Covid, l’Asie a été très présente et pas seulement leurs conseillers. Il faut rappeler que l’an dernier, les Chinois ne pouvaient pas sortir de leur pays ».
Si les collectionneurs basés en Suisse ou en Allemagne ont été très actifs, d’autres enseignes confirment le dynamisme des Chinois. À la galerie Zeno X (Anvers), ils ont acquis des pièces de Mark Manders, Mircea Suciu, Cristof Yvoré, Paulo Monteiro ou encore Mounira Al Solh. Balice Hertling (Paris) a cédé des œuvres d’Owen Fu et Ser Serpas à des collections chinoises. Lehmann Maupin (Londres, New York, Hongkong, Séoul) a vendu des pièces de Mandy El-Sayegh à un Taïwanais et à un Hongkongais. « Nous sommes ravis d’avoir reçu la visite sur notre stand de nombreux collectionneurs de Corée du Sud et de Chine, des Américains et Européens aussi.Cette foire de Bâle a été l’occasion de se revoir enfin en personne. De nombreuses ventes ont été conclues », a déclaré Almine Rech, dont la galerie a vendu pas moins de 17 œuvres, d’Oliver Beer à Pablo Picasso en passant par Tom Wesselmann ou Javier Calleja. Thaddaeus Ropac a cédé de nombreuses œuvres de Georg Baselitz dont une à plus de 1 million d’euros, sans compter des travaux sur papier. Templon (Paris, Bruxelles, New York) s’est séparé de pièces notamment signées Omar Ba ou une sculpture de Kehinde Wiley pour plus de 300 000 dollars.
De son côté, Hauser & Wirth s’est délestée de sa Spider de Louise Bourgeois proposée à 22,5 millions de dollars ainsi que d’œuvres importantes de Philip Guston, George Condo ou Mark Bradford, parmi de très nombreuses ventes. Le Louisiana Museum of Modern Art, au Danemark, a acquis une version de Dreams Have No Titles de Zineb Sedira chez Goodman Gallery (Le Cap, Johannesburg, Londres).
Toutefois, pointe Jocelyn Wolff, « les plus jeunes galeries devraient davantage provoquer les plus établies, et ainsi créer une émulation, ce qui a rarement été le cas cette année à Bâle, où j’ai vu peu d’audace chez les exposants, jeunes et moins jeunes. Cela manquait de prise de risque. Attention si toutes les propositions un peu audacieuses sont reléguées dans le secteur Unlimited… »