Paris a connu ces toutes dernières années un profond renouvellement à la tête des grands musées nationaux. Plus d’un an et demi après son arrivée à Orsay en provenance du musée du Petit Palais, Christophe Leribault entend bien marquer l’institution de son empreinte. Sous sa présidence, elle va être profondément remaniée, comme il vient de le dévoiler. Il souhaite dans un premier temps mieux accueillir le public qui se fait de plus en plus nombreux, l’exposition « Edvard Munch » (2022-2023) ayant ainsi été la plus visitée de l’histoire de l’institution, avec 724 000 entrées. Actuellement, les visiteurs attendent souvent très longtemps à l’extérieur avant de pénétrer dans le saint des saints. Grâce à des travaux qui doivent s’échelonner entre 2025 et 2027, le parvis – qui fuit – sera rénové, l’entrée sera repensée, la circulation sera fluidifiée et le public pourra attendre sous la marquise. La librairie sera déplacée dans l’entrée Montherlant, la sortie du musée se faisant désormais côté Seine. À l’intérieur, seront créés des espaces rebonds pour permettre aux visiteurs de s’asseoir, tandis que seront prévus des espaces pour les familles. Ce chantier visera aussi à rendre le bâtiment moins énergivore. Ce projet estimé à 50 millions d’euros est pour l’instant financé pour moitié, une recherche de mécénat étant lancée. En parallèle, la collection va être entièrement redéployée autour de la question de la modernité, avec davantage de salles thématiques, à l’exemple de : « les révolutions de 1848 et les arts », « la naissance des expositions universelles », « art et colonisation », « au Salon, le triomphe de l’éclectisme », « les nouvelles capitales de l’art (Barcelone, Bruxelles, Glasgow, Munich, Vienne, Chicago-New York…), « les expositions impressionnistes et le développement du système "marchand-critique" », « les avant-gardes en Europe à la veille de 1914 » – qui bénéficiera de prêts du Centre Pompidou… De son côté, le Centre de ressources et de recherches – Daniel Marchesseau, aménagé dans l’hôtel de Mailly-Nesle, accueillera les premiers chercheurs en 2027. Christophe Leribault a aussi annoncé la programmation des expositions à venir, avec « Van Gogh à Auvers-sur-Oise. Les derniers mois » (3 octobre 2023-4 février 2024), « Louis Jammot. Le poème de l’âme » (12 septembre 2023-7 janvier 2024), « Paris 1874. L’instant impressionniste » (25 mars-8 juillet 2024), complétée par un parcours en réalité virtuelle. Du côté contemporain, seront à l’honneur Peter Doig (17 octobre 2023-21 janvier 2024) et Nathanaëlle Herbelin (printemps 2024). Ces événements seront accompagnés d’une très riche programmation culturelle.
Ces changements concernent également l’autre lieu de l’établissement public, le musée de l’Orangerie, qui dispose lui aussi d’une nouvelle direction après le départ de Cécile Debray pour le musée national Picasso-Paris et l’arrivée de Claire Bernardi. Ici aussi, l’entrée du bâtiment dans les Tuileries va être repensée pour mieux accueillir le public, tout en l’équipant d’un nouveau sas pour lutter contre l’empoussièrement et protéger les Nymphéas de Claude Monet. Un espace famille sera aménagé de son côté au niveau -2. Le musée poursuivra également sa riche programmation avec « Amedeo Modigliani. Un peintre et un marchand » (20 septembre 2023-15 janvier 2024), « Robert Ryman. Le regard en acte » (6 mars 2024-8 juillet 2024), tandis que les contrepoints contemporains accueilleront « Hermann Nitsch. Hommage » (11 octobre 2023-29 janvier 2024) et « Wolfgang Laib » (mars-juin 2024). Claire Bernardi entend centrer les expositions autour de la thématique du marché de l’art et de la collection, avec par exemple une présentation de cent œuvres issues du musée Berggruen de Berlin avant, à l’automne 2025, de se focaliser sur la galeriste Berthe Weill.
Après la vaste reconfiguration attendue au Centre Pompidou, les musées d’Orsay et de l’Orangerie vont aussi changer d’ère.