C’est maintenant chose faite, grâce à Marco Costantini, directeur adjoint du Mudac (musée cantonal de design et d’arts appliqués contemporains), à Lausanne (Suisse), en coproduction avec le CID (Centre d’innovation et de design), au Grand-Hornu (Belgique), qui a présenté l’exposition intitulée « Beyrouth. Les temps du design » du 24 avril au 14 août 2022. Loin de se réduire à une simple affaire de style ou de décor, le design a surtout été, après l’indépendance du pays, une vision d’avenir politique, sociale, culturelle et économique. Et témoigne aujourd’hui d’une même volonté de s’emparer du destin du pays et de son identité, en proposant des objets et des formes conscientes d’héritages multiples tout en se voulant ancrés dans la complexité de notre temps présent.
LE DESIGN COMME RENOUVEAU
De 1945 à 1975, durant la première République libanaise, le design fait son entrée à travers des figures comme Sami El Khazen, Serge Sassouni, Jack Matossian, Khalil Khouri, Pierre el-Khouri ou encore Michel Harmouche, dont témoigne, entre autres, le pavillon du Liban
pour la Foire internationale de New York 1964-1965. Lorsque la guerre civile (1975-1990) prend fin, la reconstruction de Beyrouth apparaît comme une priorité absolue, un nouveau départ pour la nation. De nombreux Libanais rentrent au pays, et des espaces urbains périphériques sont requalifiés grâce à l’installation d’ateliers d’artistes, d’agences de design, d’institutions culturelles ou de lieux de vie comme les bars et les restaurants.
La galerie XXe siècle propose, dès 2002, des pièces vintage et révèle tout un pan de la carrière de Jean Royère, actif au Liban sous la première République libanaise. La Carwan Gallery, fondée en 2011 à Beyrouth et établie depuis 2020 à Athènes, valorise quant à elle le design libanais contemporain.
Plusieurs foires voient le jour, comme la Beirut Art Fair en 2010 et la Beirut Design Week en 2012, laquelle tirera le rideau après son édition de 2019 en raison de la crise économique. Plus récemment, le projet Minjara (« menuiserie » en arabe), lancé en 2017 à Tripoli, est né de la volonté de préserver l’héritage artisanal du bois au Liban dans un esprit d’innovation; éditées en petite série, toutes les créations sont produites localement.
Portée par une scénographie conçue par GHAITH&JAD qu’accompagne un catalogue publié par Kaph Books, et dont le graphisme est signé par le Suisse Chris Gautschi, l’exposition retrace avec brio cette histoire sans cesse renaissante du design au Liban à travers des documents d’archives et des créations montrées en grande partie pour la première fois en Europe.
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« Beyrouth. Les temps du design», 7 avril-6 août 2023, Mudac, place de la Gare 17, 1003 Lausanne, Suisse.