Davantage qu’une leçon péremptoire sur les influences des arts non-Occidentaux sur les maîtres des avant-gardes européennes et américaines, « Héritage » apparaît comme une promenade en toute liberté qui raconte, en filigrane, le goût des artistes-collectionneurs et leurs affinités esthétiques et spirituelles avec leurs homologues des antipodes. Ainsi, nul désir d’illustrer une quelconque forme de primitivisme dans cette exposition rafraîchissante à bien des égards. Il s’agit plutôt d’une invitation à dilater le regard et à abolir les frontières entre catégories et hiérarchisation des arts.
L’œil vagabonde ainsi d’un tableau de Le Corbusier à un masque Dan de Côte d’Ivoire, d’une composition à l’écriture électrique d’Antoni Tàpies à un ensemble de faces chamaniques du Népal, d’un masque de Colombie-Britannique à une toile abstraite de Jean-Michel Atlan.
Parmi les trésors rassemblés dans cette exposition montée en un temps record par l’équipe de Paris Tribal, l’on admirera tout particulièrement un extraordinaire ensemble de Tapa (étoffes sur écorce)provenant de la mission de Jacques Viot au Lac Sentani (Papouasie-Nouvelle-Guinée), réunis pour la première fois depuis leur dispersion. Des splendeurs remarquables par leur liberté d’exécution et la modernité de leur graphisme.
« Héritage. Arts premiers & Art moderne », jusqu’au 22 avril 2023, Galerie du Crous, 11 rue des Beaux-Arts, 75006 Paris.