Acheter une dune pour la faire chuchoter, construire une sculpture de givre, relire L’Odyssée à l’aune de la botanique… Ce sont trois projets de Mondes nouveaux, de Felicia Atkinson, Sabine Mirlesse et Laurent Derobert, trois exemples de rêves d’artistes en train de devenir réalités. Qui s’intéresse à la scène artistique française entend régulièrement parler, depuis bientôt deux ans, des 264 projets ainsi soutenus, dont 50 % ont été réalisés, les autres étant en cours de production – comme le résumait Bernard Blistène, qui préside l’opération, à l’occasion d’une conférence de presse au ministère de la Culture le 21 mars 2023. Le prochain rendez-vous avec Mondes nouveaux est annoncé du 11 au 16 avril aux Beaux-Arts de Paris : un partenariat a été engagé avec l’École, dans l’objectif de créer des liens entre les étudiants des différents ateliers et les artistes de Mondes nouveaux, et de donner à voir l’actualité des recherches menées.
Au moment du premier confinement, dans des temps où l’actualité de l’art se résumait à des initiatives en ligne, le président de la République, Emmanuel Macron, avait alloué, dans le cadre du plan « France Relance », un budget de 30 millions d’euros pour soutenir des artistes de toutes générations et de toutes disciplines. Quelques mois plus tard, la liste des lauréats avait été annoncée par les huit experts du comité artistique. Chacun des artistes s’est lié à un site patrimonial appartenant au Centre des monuments nationaux ou au Conservatoire du littoral.
MANIFESTATION EXPÉRIMENTALE
Se poserait bientôt la question de la lisibilité d’un tel projet, non seulement des œuvres produites, réparties dans toute la France et souvent indissociablement attachées à un territoire, mais aussi de « ce temps long de l’accompagnement des artistes, de l’hybridation des pratiques entre les membres des collectifs nés pour l’occasion, de la collaboration avec ces lieux singuliers ». C’est tout cela qui a retenu l’attention d’Alexia Fabre, directrice des Beaux-Arts, et l’a conduite à accueillir cette manifestation en avril.
Sont ainsi ouverts à la visite les jardins, les cours et la chapelle de l’École, ainsi qu’une exposition dans la cour vitrée, dont la scénographie, inspirée du Pavillon-Skulptur de Max Bill (1983), a été conçue par Olivier Vadrot, entièrement modulable et réutilisable dans les années à venir. À l’occasion de ce festival se tiendront des performances, des tables rondes, des projections, des concerts et des workshops, parfois des adaptations de certains projets in situ. « Avec Mondes nouveaux, nous avons voulu constituer un répertoire d’œuvres, dont les artistes restent propriétaires et qui peuvent être adaptées dans différents contextes », explique Bernard Blistène. Un épais catalogue, publié par les éditions des Beaux-Arts, complète cette manifestation expérimentale. De « Mondes nouveaux 2 », la suite du programme annoncée par la ministre de la Culture Rima Abdul Malak lors de ses vœux à la presse en janvier 2023, on ne saura pas les détails pour l’instant.
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« Mondes nouveaux × Beaux-Arts de Paris – Un rendez-vous artistique », 11-16 avril 2023, Beaux-Arts de Paris, 14, rue Bonaparte, 75006 Paris.