Le cours des actions du Crédit Suisse s’est effondré au début du mois de mars 2023 à la suite de la faillite de la Silicon Valley Bank aux États-Unis et de deux autres établissements américains en raison des récentes hausses des taux d’intérêt de la Réserve fédérale.
Le gouvernement suisse a fait pression sur UBS pour qu’elle rachète sa rivale en difficulté pour 3,25 milliards de dollars et prenne à son compte 5 milliards de dollars de sa dette. Tous les détails de cette transaction précipitée – qualifiée de « mariage forcé » par certains analystes financiers – n’ont pas encore été révélés. Des milliers d’emplois au Crédit Suisse seraient aujourd’hui menacés.
Comme beaucoup de grandes banques, le Crédit Suisse entretient des liens étroits avec le monde de l’art. José Olympio da Veiga Pereira, ancien président-directeur général du Crédit Suisse au Brésil, est un grand collectionneur d’art et aussi président de la Fundação Bienal de São Paulo. La banque possède également une importante collection d’art moderne et contemporain suisse et soutient financièrement sept institutions artistiques en Europe – six en Suisse et la National Gallery de Londres.
UBS estime qu’il est trop tôt pour déterminer les conséquences de ce rachat pour le monde de l’art. Selon un porte-parole de la banque, « nous sommes conscients du soutien important que le Crédit Suisse a apporté aux établissements artistiques en Suisse et à l’étranger. Il est trop tôt pour dire comment le programme de partenariats et de soutien aux arts [d’UBS] va en tenir compte, car nous opérons encore en tant que deux entités distinctes ». Le Crédit Suisse s’est refusé à tout commentaire.
Cependant, six des sept institutions partenaires du Crédit Suisse, contactées par The Art Newspaper, ont déclaré qu’elles accueilleraient favorablement l’arrivée d’UBS en tant que mécène. Le Kunsthaus de Zurich, que le Crédit Suisse soutient depuis plus de trente ans, « suppose que le nouveau propriétaire [UBS] reprendra et remplira les obligations contractuelles que le Crédit Suisse a contracté en sponsorisant le Kunsthaus », a déclaré un porte-parole du musée.
Le mécénat d’entreprise représente « moins de 10 % » du budget total du Kunsthaus de Zurich, dont environ un tiers venant du Crédit Suisse, soit moins de 3 % de ses recettes, selon le porte-parole. Cela signifie que le Kunsthaus est « en mesure de combler un éventuel déficit à court terme ». Néanmoins, ajoute-t-il, « à moyen terme, il aura besoin d’un remplaçant si UBS ne poursuit pas l’engagement du Crédit Suisse ».
Le Kunstmuseum de Bâle est également ouvert à la perspective de l’arrivée d’UBS en tant que mécène. « Nous avons très bien travaillé avec le Crédit Suisse par le passé et sommes également soutenus financièrement par d’autres banques. C’est pourquoi nous ne voyons aucune raison de remettre en question la coopération avec les banques, qui est importante pour nous. Cela vaut également pour UBS », a déclaré un porte-parole. Depuis 2012, le Crédit Suisse soutient une exposition par an au Kunstmuseum de Bâle. Ce contrat arrive à échéance l’année prochaine.
La National Gallery de Londres, le seul musée hors de Suisse à entretenir un partenariat officiel avec le Crédit Suisse, reste très discrète. « Nous discutons de la situation actuelle avec nos collègues du Crédit Suisse et n’avons rien d’autre à ajouter pour le moment », a déclaré l’institution londonienne. Cependant, comme pour le Kunstmuseum de Bâle, ce partenariat doit être renouvelé l’année prochaine.
Le contrat de mécénat du Kunsthaus de Zurich avec le Crédit Suisse devait également être renouvelé prochainement. « Nous sommes en pourparlers sur l’avenir de la collaboration depuis plusieurs mois », a déclaré le porte-parole du musée.