Le conseil de surveillance de la Documenta de Cassel, en Allemagne, a dévoilé les six membres de son comité de sélection, qui auront pour mission « d’inviter des personnalités pionnières de l’art contemporain à se porter candidates à la direction artistique de la documenta 16 et de sélectionner le format le plus prometteur parmi les concepts présentés », précise-t-il. Il s’agit de Bracha Lichtenberg Ettinger, Gong Yan, Ranjit Hoskoté, Simon Njami, Kathrin Rhomberg et María Inés Rodríguez.
Artiste plasticienne, philosophe, psychanalyste et théoricienne, Bracha Lichtenberg Ettinger est une pionnière « dont la théorie matricielle a influencé les domaines contemporains de l’éthique et de l’esthétique, des études critiques, de la théorie et de l’histoire de l’art, du cinéma, de la littérature et du féminisme depuis plus de trois décennies », explique la documenta. Elle vit à Tel Aviv (Israël) et à Paris. Elle participe actuellement à « Artists in a Time of War » au Castello di Rivoli, à Turin, en Italie, où elle présente également une exposition individuelle en parallèle. Auparavant, ses œuvres ont été montrées dans des musées ou des manifestations d’art contemporain telles que la Biennale de Kochi-Muziris (2018), la biennale d’Istanbul (2015), « Face à l’Histoire » (1996) et « ELLES » (2011), toutes deux organisées au Centre Pompidou.
Gong Yan est quant à elle depuis 2013 directrice de la Power Station of Art, à Shanghai, en Chine, ville où elle a participé à la 6e Biennale en 2006 en tant qu’artiste. Diplômée de l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris, professeur à l’Institut d’art visuel de Shanghai et ancienne rédactrice en chef du magazine Art World, elle a aussi été commissaire ou co-commissaire de nombreuses expositions, dont le pavillon chinois à la 11e Biennale internationale d’architecture de Venise en 2012.
Écrivain, théoricien, critique d’art et commissaire d’exposition, Ranjit Hoskoté vit à Mumbai, en Inde. Il a écrit ou édité plus de trente livres, dont des recueils de poésie, des publications de critique d’art, d’histoire culturelle, des traductions ou encore des anthologies. Il a été commissaire de la 7e Biennale de Gwangju (2008), aux côtés de Okwui Enwezor et Hyunjin Kim, ainsi que du premier pavillon indien à la 54e Biennale de Venise (2011). Il participe à l’exposition « Dangerous Liaisons » présentée à l’Arsenale à la Biennale d’architecture de Venise 2023.
Basé à Paris, Simon Njami est pour sa part commissaire d’exposition indépendant, enseignant, critique d’art et romancier. Il a été cofondateur et rédacteur en chef de la Revue Noire. Il a été directeur artistique de la foire FNB Art Joburg à Johannesburg, en Afrique du Sud (2008), de la Biennale de photographie de Bamako (Mali), de la Biennale Dak’Art (2016-2018) au Sénégal et de la Biennale de São Paulo, au Brésil. Il a en outre été co-commissaire du premier pavillon africain à la 52e Biennale de Venise (2007). Il a entre autre été commissaire général de l’exposition itinérante « Africa Remix » (2004-2007) présentée notamment au Centre Pompidou à Paris.
Établie à Vienne (Autriche) où elle enseigne à l’Université des arts appliqués, Kathrin Rhomberg est commissaire d’exposition. Elle a dirigé le service des expositions de la Sécession à Vienne de 1990 à 2001 puis le Kölnischer Kunstverein (Cologne) en Allemagne de 2002 à 2007. Elle a été commissaire, entre autres, de l’exposition de Roman Ondak pour les pavillons tchèque et slovaque à la 53e Biennale de Venise (2009), de Petrit Halilaj pour le pavillon de la République du Kosovo à la 55e Biennale de Venise (2013) ou encore été commissaire de la 6e Biennale de Berlin (2010). Depuis 2014, elle est présidente du conseil d’administration de la plateforme Kontakt Sammlung et sa directrice artistique.
Elle aussi commissaire d’exposition, María Inés Rodríguez vit et travaille à São Paulo et à Paris. De 2009 à 2011, elle a été conservatrice en chef au Museo de Arte Contemporáneo de Castilla y Léon (MUSAC) en Espagne. Entre 2011 et 2013, elle a été conservatrice en chef au Museo Universitario de Arte Contemporaneo (MUAC) de Mexico, où elle avait la charge des expositions, de la collection et des programmes publics. Entre 2014 et 2018, María Inés Rodríguez a été directrice du CAPC Musée d’art contemporain de Bordeaux. Depuis 2018, elle est conservatrice-adjointe pour l’art moderne et contemporain au Museu de Arte de São Paulo (MASP).
Indéniablement, la nomination de ces spécialistes chevronnés qui « représentent ensemble la modernité, la mondialisation et la diversité de la Documenta » selon le président du conseil de surveillance et maire de Cassel, Christian Geselle, ainsi que la vice-présidente du conseil de surveillance, la ministre des Sciences et des Arts du land de Hesse, Angela Dorn, marque un recentrage pour la Documenta. Après les polémiques autour de l’antisémitisme qui ont miné sa 15e édition en 2022, sa direction entend « faire un point sur les manquements » liés à ces problèmes, et redorer le blason de l'une des plus importantes manifestations d’art contemporain au monde. La nomination de la direction artistique de la Documenta 16 est prévue pour fin 2023-début 2024.