C’est le Belge originaire d’Ardenne Pascal Leyder qui a été désigné lauréat du Prix de dessin contemporain Daniel et Florence Guerlain 2023, ce 23 mars 2023. L’annonce a été faite au Salon du dessin, qui accueille jusqu’au lundi 27 mars au Palais Brongniart un accrochage des trois nommés au Prix, consacré cette année à l’art brut. Outre le lauréat, il s’agit de l’Américain Melvin Way et de l’Iranien Mehrdad Radhidi, tous auteurs de travaux d’une incroyable inventivité visuelle.
Pascal Leyder, trisomique, « n’a plus accès à la parole », explique Anne-Françoise Rouche, directrice de l’école spécialisée la S – Grand atelier – Centre d’art brut et contemporain (Vielsalm, Belgique), qu’il fréquente de longue date. Il « dessine comme il respire, crée des dessins qui racontent sa vie et ses amours ou bien partant de documents, de cartes anciennes ou d’écritures typographiques, parfois de planches anatomiques. Dessiner est pour lui jubilatoire, c’est toute sa vie », poursuit-elle. Le collectionneur d’art brut Bruno Decharme parle quant à lui à son propos « de pratique presque médiumnique et automatique ».
« C’est la première fois que l’art brut reçoit un prix d’art contemporain », souligne-t-il. Un événement ! D’autant que le Prix consacre d’habitude des artistes déjà établis et reconnus. Toutefois, « ce sera un one-shot, juste pour cette 16e édition du prix », précise Florence Guerlain, qui s’y intéresse de longue date avec son mari Daniel – plusieurs œuvres exposées au Salon du dessin font partie de leur collection.
Le lauréat recevra la somme de 15 000 euros et les deux autres nommés, 5 000 euros chacun, tandis qu’une œuvre du lauréat rejoindra grâce à la Fondation le cabinet d’art graphique du Musée national d’art moderne – Centre Pompidou. Ce dernier, par ailleurs, a été le bénéficiaire, en 2013, d’une considérable donation d’un millier de dessins contemporains de la part de Florence et Daniel Guerlain.
Renouvelé chaque année, le jury, uniquement composé de collectionneurs, comprenait cette année trois personnes collectionnant l’art brut, et deux psychiatres. Il comprenait la Suisse Karin Dammann, le Français Antoine de Galbert (qui s’est intéressé très tôt à l’art brut), l’Italo-Argentin Gustavo Giacosa, le Français Sébastien Lebrec, l’Américain Kalle Levon, la Française Laurence Poirel, l’Allemand Giovanni Springmeier, ainsi que Florence et Daniel Guerlain.