La réussite du Salon du dessin est un cas d’école. Autour du noyau dur des membres fondateurs et des fidèles, dont la force de frappe auprès des grands musées internationaux n’est plus à prouver, la santé de cette manifestation est démontrée par le nombre de candidats qui soumettent chaque année leur dossier pour y entrer – certains des participants actuels s’y sont repris à neuf fois pour être jugés fin prêts par leurs confrères –, mais surtout par la qualité des stands de galeristes émergents. En 2022, The Art Newspaper n’avait pas manqué de souligner que c’est un jeune marchand de 31 ans, Ambroise Duchemin, qui proposait l’un des quatre carnets de dessins de Théodore Géricault, que l’on n’avait plus vu depuis 1891 ! (Lire The Art Newspaper Daily du 19 mai 2022.)
Cette année, Pierre Lorquin, jeune directeur de la galerie Dina Vierny, est à suivre avec grand intérêt, ainsi que le Marseillais Alexis Pentcheff, un primo-entrant qui envisage cette participation comme un tournant : « Nous avons soumis notre candidature à deux reprises avant d’être retenus. Nous rêvions de faire la connaissance des conservateurs étrangers présents chaque année au Salon. Cela nous donnera une visibilité nouvelle, tout en étant un challenge. Nous sommes curieux de la réaction du public face à notre sélection, dont aucune des œuvres n’a été présentée en vente publique au cours des dernières années. »
AUDACE ET RETENTISSEMENTS
Parmi les nouveaux exposants, Françoise Livinec montre des feuilles de Rosemarie Koczÿ, qui fut choisie par Jean Dubuffet pour l’exposition inaugurale de la collection « Neuve Intention » en 1985, et dont la déportation avec sa mère et sa sœur en 1943 – elle avait 4 ans – est parfois remise en cause. Ces œuvres, qui pourraient être assimilées à de l’art brut par certains, auront le mérite de susciter des débats quant à leur statut. Un pari audacieux pour la galeriste installée à Paris et à Huelgoat (Finistère) qui avait fait parler d’elle en exposant Marjane Satrapi.
De nouvelles galeries italiennes sont aussi très attendues comme les milanaises Cortona Fine Art et Bottegantica. Cette dernière propose un cahier de dessins de Giovanni Boldini, réalisés pour les amateurs Berthe et Victor Desfossés qui reçurent l’artiste dans leur villa à Étretat (Seine-Maritime). Participant à son deuxième Salon, Monica Cardarelli de la Laocoon Gallery/W.Apolloni considère ce passage comme un changement fondamental : « Un rêve ! J’avais même du mal à y croire la première fois ! Cela nous a donné un élan formidable pendant le Salon, mais aussi dans les mois qui ont suivi. À la dernière Brafa par exemple, où nous avions dédié un mur entier au dessin, nous avons retrouvé des clients rencontrés à Paris. Dans l’esprit de tous, dès lors que vous participez au Salon, vous êtes reconnus et vous avez gagné des titres de noblesse qui changent du tout au tout votre activité. »
Salon du dessin, 22-27 mars 2023, Palais Brongniart, place de la Bourse, 75002 Paris.