La sculptrice britannique Phyllida Barlow, très respectée pour avoir été la professeure de nombre d’artistes britanniques à la Slade School of Fine Art de Londres au cours des 40 ans durant lesquels elle y a enseigné, est décédée à l’âge de 78 ans.
Son décès a été confirmé par sa galerie, Hauser & Wirth, qui a déclaré dans un communiqué que « pendant près de 60 ans, elle a employé des matériaux modestes pour créer des sculptures et des installations qui défient les règles de la gravité, de l’équilibre et de la symétrie. Son travail interrompt et envahit l’espace qui l’entoure, une stratégie par laquelle Phyllida guidait de manière ludique le public pour qu’il devienne un explorateur audacieux ».
Isabella Maidment, conservatrice en chef au musée Hepworth Wakefield, au Royaume-Uni, a rendu hommage à l’artiste sur Twitter, en la qualifiant ainsi : « Une enseignante inspirante, une artiste brillante, une femme merveilleuse ». Un communiqué de la Tate indique quant à lui qu’« elle était la plus jeune des artistes seniors, travaillant entre la sculpture et la peinture, expérimentant continuellement dans sa pratique à grande échelle. Pendant tout ce temps, elle a généreusement transmis ses connaissances à des générations d’étudiants et à d’innombrables conservateurs, dans son pays et à l’étranger. En tant qu’artiste et enseignante, elle était profondément engagée dans l’histoire de l’art et toujours curieuse de ce qui ne lui était pas familier ».
De nombreux autres hommages ont été rendus. Andrew Renton, professeur formant des conservateurs de musée au Goldsmiths College, a écrit : « des générations d’artistes lui doivent beaucoup. Mais aussi des générations d’enseignants pour qui elle était plus qu’un modèle. Elle représentait une norme d’engagement à laquelle nous ne pouvions qu’aspirer ».
Phyllida Barlow est née à Newcastle en 1944. Sa mère, Brigit Ursula Hope Black, était écrivain et son père, Erasmus Darwin Barlow, était psychiatre. La sculpture Shedmesh, réalisée en 1975 pour l’exposition collective « Contemporary Painting and Sculpture » au Camden Art Centre de Londres, et Fill (1983) – créée en empilant des matériaux dans la carrière désaffectée de Tout Quarry dans le Dorset – comptent parmi ses premières œuvres clés.
Elle fréquente le Chelsea College of Art de Londres (1960-1963) et la Slade School of Fine Art (1963-1966). Elle a enseigné dans ces deux écoles et a été professeure de beaux-arts et directrice des études de premier cycle à la Slade School of Fine Art jusqu’en 2009. Elle a eu notamment pour élèves Rachel Whiteread, Douglas Gordon ou Tacita Dean.
Phyllida Barlow a déclaré à propos de son enseignement : « Je suis consciente d’avoir bénéficié des avantages d’un emploi permanent dans une école d’art, dans cette plus ancienne forme de mécénat généreux pour les artistes, lorsqu’il n’était pas nécessaire de rendre compte de votre travail autrement que par vos contributions en tant qu’artiste ».
Sa carrière internationale, stimulée par une série d’expositions très médiatisées, a coïncidé avec sa retraite de l’enseignement en 2009. En 2011, elle a été nommée membre de la Royal Academy, année même où elle a rejoint la galerie Hauser & Wirth. En 2012, Phyllida Barlow a bénéficié d’expositions personnelles au New Museum à New York et au Henry Moore Institute à Leeds, au Royaume-Uni. En 2013, elle a fait partie de l’exposition « Carnegie International » au Carnegie Museum of Art à Pittsburgh.
En 2014, son importante installation dock a été présentée dans les Duveen Galleries de la Tate Britain à Londres. « Cette production est d’autant plus prodigieuse que le modus operandi de Barlow consiste à créer des sculptures-structures uniques pour chaque lieu en utilisant des matériaux courants vigoureusement manipulés – planches de construction, feuilles de contreplaqué, feuilles de plastique, plâtre, grillage – à une échelle épique », avait écrit Louisa Buck, qui a interviewé Phyllida Barlow pour l’édition internationale de The Art Newspaper en 2014. Phyllida Barlow avait déclaré à l’époque : « On m’a demandé pourquoi mes œuvres étaient si grandes. Et je pense que la réponse est liée à la portée et à l’étirement et au fait d’aller dans des espaces où je ne peux pas aller et où nous n’allons généralement pas en termes de recherche ».
En 2017, Phyllida Barlow a représenté la Grande-Bretagne à la Biennale de Venise avec la vaste installation sculpturale Folly. Le critique Mark Hudson a écrit dans The Telegraph : « À une époque où l’interprétation de l’art se concentre de plus en plus sur des "thèmes" quasi littéraires (l’idée que l’œuvre de Damien Hirst "parle" de sexe et de mort en est un excellent exemple), Barlow se considère comme une "formaliste" : son œuvre "parle" de processus et de matériaux. Folly est un divertissement merveilleusement comique et inventif qui suscite toutes sortes de plaisanteries visuelles et des résonances très profondes sur l’échelle et l’endurance, la mortalité et la décomposition. »
Interrogée sur les raisons qui l’ont poussée à choisir le titre Folly, elle avait déclaré à The Art Newspaper : « Cela joue sur l’idée que le bâtiment lui-même ressemble à une folie, mais aussi sur l’idée d’une folie comme une sorte d’escapade humaine. Il s’agit également d’une folie au sens de mirage, ce qui était d’ailleurs l’un des titres que j’avais envisagés ».
L’artiste venait de participer (du 19 janvier au 4 mars 2023) à l’exposition « Hurly-Burly – Phyllida Barlow, Rachel Whiteread, Alison Wilding » à la galerie Gagosian à Paris.