Concoctée conjointement par les équipes du Fonds régional d’art contemporain (FRAC) Grand Large et du Lieu d’art et action contemporaine (LAAC), à Dunkerque, la 2e Triennale « Art & Industrie » aura lieu du 10 juin 2023 au 14 janvier 2024, principalement au sein de ces deux institutions – FRAC et Halle AP2 d’un côté ; LAAC de l’autre –, mais aussi avec des « résonances » sur le territoire dunkerquois et en région.
Après un opus inaugural centré sur le « Gigantisme », signe ô combien identitaire des paysages industrialo-portuaires nordistes, l’édition 2023, titrée « Chaleur humaine » – et sous-titrée « Consciences énergétiques » –, compte cette année explorer (et comprendre) les diverses activités énergétiques et les changements climatiques, ainsi que la façon dont tous deux affectent, sinon bouleversent la création. « L’idée est d’observer comment les artistes ont, dans leur travail, pris en charge la question des énergies, de leurs finitudes et de leurs conséquences », explique Camille Richert, co-commissaire, avec Anna Colin, de cette Triennale 2023.
Cette dernière couvre un demi-siècle, de 1972 à nos jours, « une période qui marque la fin des Trente Glorieuses et le début d’une ère éco-anxieuse », avance Keren Detton, directrice du FRAC Grand Large. « Nous sommes partis de cette année 1972, un an avant le choc pétrolier, car c’était encore une époque d’optimisme, où le progrès était une promesse, avant que les premiers rapports sur les effets néfastes des énergies n’arrivent, souligne Anna Colin. On ne se doutait pas alors que cela allait aller si vite… »
Avec une volonté de « sobriété également dans le principe curatorial », les deux commissaires ont volontairement restreint l’aire géographique de provenance des œuvres et des artistes, se concentrant sur la zone transfrontalière autour de Dunkerque : France, Belgique, Pays-Bas et Royaume-Uni. La manifestation réunit ainsi 250 œuvres et 130 artistes, actuels – Caroline Achaintre, Michel Blazy, Tiphaine Calmettes, El Anatsui, Konstantin Grcic, Trevor Mathison, Natacha Nisic, Eric Baudelaire, Simone Prouvé… – ou disparus – Robert Filliou, Gabriele Basilico, Aldo Rossi, Claude Parent, Roger Tallon…
Complice « naturel » dès la première édition, le Centre national des arts plastiques (CNAP) fournira une quarantaine de pièces. Mieux, le Centre Pompidou, nouveau partenaire, prêtera, lui, pas moins de 80 œuvres. Le reste sera issu d’autres musées ou Fonds régionaux d’art contemporain (FRAC). Pour l’occasion, une vingtaine d’artistes se sont vus passer des commandes, dont six pour des pièces qui s’implanteront dans l’espace public – Lisa Ouakil, Jean-François Krebs, Yemi Awosile… Une pieuvre géante en bronze, signée Laure Prouvost, s’échouera, elle, sur la plage de Dunkerque de manière pérenne. Budget total de la manifestation : 2 millions d’euros, répartis entre collectivités territoriales (commune, département, région), la communauté urbaine de Dunkerque, l’État par le biais de la Direction régionale des Affaires culturelles (DRAC), et enfin, le mécénat.
Les thèmes explorés par cette Triennale 2023 sont légion : pollution, pétrole, nucléaire, recyclage ou transformation du paysage, mais aussi fatigue, corps au travail, solidarité, féminisme, réseaux, lutte et engagement collectif, voire « ressource humaine ». « Notre problématique est tout sauf binaire, note Anna Colin. Nous savons que nous avons tous besoin des énergies. En revanche, rien n’empêche de nous interroger : qu’est-ce qu’une production durable ? Ou, pour un artiste : qu’est-ce qu’une œuvre raisonnée ? » Réponses le 10 juin.