Il a changé de nom, de calendrier, de périodicité et de ville mais, 32 ans après sa première édition, le voilà de retour dans un format entièrement repensé. « Le Nouveau Printemps », fameux festival hexagonal de création contemporaine, aura lieu cette année à Toulouse du 2 juin au 2 juillet 2023.
D’emblée, la nouvelle présidente du festival, Eugénie Lefebvre, a tenu à dessiner le cadre dans lequel il allait se déployer : « D’abord, le festival doit revenir chaque année – les dernières éditions ont eu lieu tous les deux ans, NDLR. Ensuite, il s’appelle « Printemps », il faut donc qu’il se réinstalle à cette saison. Enfin, il s’agit non plus d’inviter un/e commissaire général/e, mais désormais d’associer un/e artiste à co-concevoir et à co-programmer avec nous pour partager son rôle, sa vision de l’art et sa vision du monde. Cette année, il s’agit donc de la designer matali crasset, mais, plus tard, il pourra s’agir d’une personnalité issue du cinéma, de la musique, de la danse contemporaine ou de l’architecture, manière de dessiner de multiples visions de l’art à travers leurs regards ».
La grande innovation de cette édition 2023 est son emprise géographique : celle-ci quitte, en effet, l’échelle du territoire pour se circonscrire à un quartier, en l’occurrence celui de Saint-Cyprien, sur la rive gauche de la Garonne, une entité à l’histoire fortement liée à l’hospitalité, depuis les pèlerins de Saint-Jacques-de-Compostelle jusqu’aux réfugiés de l’exil républicain espagnol durant l’époque de la « Retirada ». Un resserrement « thématique » certes, avec la volonté de faire de ce festival« une vitrine citoyenne » (dixit Eugénie Lefebvre) en œuvrant localement avec les écoles, associations, commerces, etc., « afin d’explorer en profondeur les différentes capacités et communautés du quartier ». Mais un resserrement également dû au « nouveau » budget alloué à la manifestation : 1 million d’euros, montant en baisse par rapport aux précédentes éditions, conséquence, entre autres, de cette volonté de retour à une périodicité annuelle.
Pour cette édition 2023, une trentaine d’artistes – dont Pierre La Police, Claudine Monchaussé, Marianne Heske, Marinette Cueco, Juli Susin, Hélène Bertin, Camille Blandin ou Julien Carreyn – ont été invités à intervenir dans une dizaine de lieux – de l’Hôpital de la Grave aux Abattoirs, du Château d’eau au marché couvert – et donner à voir une multitude de médiums : aquarelle, dessin, céramique, sculpture, collage numérique ou physique, peinture, vidéo, photographie, film, installation plastique ou sonore… Plus des deux-tiers des œuvres seront produites pour l’occasion. Design oblige, matali crasset, « artiste associée », apportera sa griffe dans moult lieux, notamment avec une collection d’« utopies domestiques à l’antipode de la maison-cocon » (Galerie Le Château d’eau), dans lesquelles la question environnementale ne sera évidemment pas absente, ou par le biais de deux micro-architectures installées dans l’espace public : un « carrelet » et un « moulin à nef flottant », typologies vernaculaires de l’estuaire de la Garonne revues et corrigées par ses soins, métamorphosées en « lieux de convivialité ».