Animé par Yasmine Youssi, rédactrice en chef Culture de Télérama, le débat a réuni Pauline Guelaud, chargée de mission pour la commande artistique à la Délégation aux arts visuels du ministère de la Culture ; Olivier Juteau, maître-verrier ; Sophie Kaplan, coprésidente de DCA (Association française de développement des centres d’art contemporain) et directrice de La Criée (centre d’art contemporain de Rennes) ; et Hélène Mugot, artiste plasticienne.
Pauline Guelaud, également référente du groupe de travail « Défis environnementaux » à la Délégation générale de la création artistique du ministère de la Culture, a évoqué la mise en place d’une charte sur l’écologie dans le cadre des festivals, ainsi qu’une formation pour sensibiliser les opérateurs tels que le Palais de Tokyo, le Jeu de Paume et la Villa Médicis, à s’engager sur cette thématique. L’objectif de ce groupe de travail est d’évaluer la capacité d’engagement et d’être attentif à l’ensemble du spectre de l’écologie culturelle.
Les artistes qui risquent d’être fortement impactés par la crise énergétique sont ceux qui créent des œuvres numériques – qui coûtent cher à exposer – et des pièces vidéo, dont le téléchargement nécessite la consommation de beaucoup d’énergie.
Pour Sophie Kaplan, les centres d’art doivent repenser leur manière d’opérer et le choix des œuvres qu’ils exposent face à la crise énergétique et à leur responsabilité écologique.
Quant aux artistes, Sophie Kaplan estime qu’ils devraient réfléchir à une méthodologie écologique appliquée aux œuvres et à l’origine des matériaux. Elle a aussi évoqué la question de la mutualisation des transports pour minimiser les frais du déplacement des œuvres.
Olivier Juteau, maître-verrier spécialisé dans la restauration du patrimoine verrier et les travaux pour artistes, basé à Gommecourt, dans les Yvelines, a vu quant à lui ses factures d’électricité exploser avec la crise énergétique : « sachant que les fours tournent 24 heures sur 24 avec une température à 1 200 degrés, je vous laisse imaginer la facture aujourd’hui et la fragilité dans laquelle se trouvent désormais nombre d’artisans d’art. » Autre problème : beaucoup de projets patrimoniaux bénéficient de financements basés sur les prix de l’énergie au moment de leur lancement mais sont plus coûteux à réaliser aujourd’hui. De plus, une charte sur le CO2 pourrait même empêcher la création de certaines œuvres. « Pour un verrier, un bronzier, un forgeron, il y a tout un pan de production artistique qui ne pourrait plus se faire », affirme Olivier Juteau. Selon lui, la solution résiderait dans le partage des ateliers de production, comme certains le font déjà en Angleterre.
Pour Hélène Mugot, l’impact carbone devrait provoquer un changement fondamental chez les artistes quant à leurs méthodes de production et à leurs choix de matériaux : « on peut réfléchir à des choses très simples et remettre du sens dans ce monde », a-t-elle déclaré avant de conclure : « même quand on n’a plus rien, on peut encore faire des choses très belles. »