Jonathan Monk : Metallic Sunsets
En 1997, vivant alors à Los Angeles, Jonathan Monk avait eu l’idée de s’inspirer du célèbre livre d’Ed Ruscha All the buildings on Sunset Strip pour réaliser une série de photos en noir et blanc de quelques rues perpendiculaires au boulevard et ne rien montrer dudit boulevard. Après un temps de latence de vingt-cinq ans, l’artiste reprend aujourd’hui ces photos pour en faire de grands tirages sur dibond, auxquels il superpose des communiqués de presse de 1997 de galeries de Los Angeles exposant des artistes qu’il admire et aime citer, et des étagères chargées d’objets divers qui vont de la boîte de soupe Campbell à une VHS de Lost Highway ou à une des Simpson, et d’autres choses encore, notamment des photos promotionnelles de films. Des citations évidentes et d’autres plus secrètes et, avec elles, une envie manifeste de retrouver l’esprit de cet art d’idées des années 1969 et 1970. Frisant la parodie, les pièces rappellent les productions des stars de Los Angeles ou celles de Steinbach ou de Koons. Mais, par un ensemble de détails qui vont du ready-made fauché à des coins de protection en bois colorés, elles s’en écartent résolument ; façon pour Monk de saluer leur irrévérence et de rester fidèle à l’artiste de 27 ou 28 ans qu’il fut. Romantique ou sentimental, Monk ? Il pourrait presque sûrement nous retourner la question.
Du 2 février au 23 mars 2023, Dvir Gallery, 13 rue des Arquebusiers, 75003 Paris
Diogo Pimentão : Extended Touch
Bien qu’il n’use que des instruments propres au dessin, on est tenté de dire que Diogo Pimentão est l’inventeur d’un matériau autant que d’une méthode de travail. Noircissant longuement les feuilles de papier épais, y ajoutant de la poudre de graphite, souvent de récupération, il les plie et les assemble ensuite de manière à former l’équivalent le plus souvent de planches et de poutrelles et, avec les volumes ainsi créés, il s’attache, à la façon d’un sculpteur, à prendre la mesure de l’espace ou à modifier l’architecture du lieu qui l’accueille. La densité de la couche de graphite donne à ces volumes l’aspect du métal. Cette illusion n’est pas tout à fait secondaire, pour peu qu’on ne se refuse pas à l’émerveillement. Mais, nous avons aussi à imaginer la somme de gestes derrière ces formes ou à la façon dont la main et le corps transmettent leur énergie à la feuille. Aux volumes qui se mesurent à l’espace, s’ajoutent une dizaine de petites boules de béton traçant une ligne irrégulière au mur, comme une ponctuation. Fruits d’un malaxage et entièrement couvertes de graphites deux d’entre elles présentent des mots gravés à la surface. Les précède une autre pièce en béton à moitié colorée par le graphite et qui ressemble à une pierre rituelle.
Du 4 février au 11 mars 2023, Praz-Delavallade, 5 rue des Haudriettes, 75003 Paris
Tirdad Hashemi : The Trapped Lullabies
Au seuil de l’exposition, on peut lire la copie d’une lettre que Tirdad Hashemi a adressée à sa mère restée en Iran et qui a pris part aux récentes manifestations. La missive, en anglais, parle aussi d’une expérience de la prison vécue par l’artiste en France. Au centre de la principale salle d’exposition se trouvent un grand lit de fer et son matelas provenant d’un centre de détention. Un carnet de dessins est posé ouvert sur le lit, un autre, également ouvert, se trouve sur un tabouret à proximité et montre un portrait de l’artiste dessiné par sa partenaire, Soufia Erfanian. Tirdad Hashemi dit de cette installation qu’elle a été pensée dans un but thérapeutique et pas pour le public. « Trapped Lullabies » (berceuses piégées), titre inspiré d’une berceuse, construit un mode d’exposition de l’intime à travers un riche ensemble de dessins dispersés au mur ou posés au sol (comme des stèles, dit l’artiste) . Dessins au trait, vivaces, avec du pastel gras qui fixe des intensités et parfois l’ajout d’une matière, semblable à de la terre, qui cerne les figures. Un mode d’expression au plus direct qui fixe les corps amoureux ou ceux détruits par la violence policière, avec des éclairs visionnaires, et la présence récurrente de l’eau qui lave, nourrit ou agresse. L’exposition est pour l’artiste l’occasion de rassembler les éclats d’un moi divisé et de faire place aux autres qui lui sont indispensables.
Du 4 février au 11 mars 2023, gb agency, 18 rue des Quatre Fils, 75003 Paris
Giuseppe Gabellone
Des deux grands bas-reliefs en résine et fibre de verre autour desquels se construit la présente exposition, celui qui offre le plus de lisibilité porte le titre beau et intrigant de Seguaci del Verdeazzuro (partisans du vert azur). Où sont et qui sont ces partisans ? Quelle est leur cause ? S’offre à nous une forme de paysage puisqu’on y voit des arbres, et des plans striés qu’on n’identifie pas clairement mais qui pourraient figurer un sol travaillé par une activité agricole. Superposé à ce paysage ou bien inscrit dans celui-ci, deux pièces très agrandies de 1 centime d’euro, l’une entraînée ou entraînant une corde à l’horizontale, et l’autre entourée dans la boucle d’un tronçon de corde à la verticale. Ce centime porte sur sa face exposée un globe terrestre et une douzaine d’étoiles rayonnantes. Oubliant l’éventuelle allégorie d’un asservissement à la valeur monétaire, ce maigre symbole offre un miroir et une source de méditation à une œuvre qui s’attache à faire revivre l’art du bas-relief dans un matériau sans noblesse.
L’espace de l’exposition est divisé par un muret en oblique d’environ 1 mètre de hauteur divise l’espace de la galerie et sur lui est jeté un pan de tissu orange. L’œuvre porte un titre également poétique : « Il pomeriggio sulla schiena » (l’après-midi sur le dos). Cette pièce fait histoire avec les autres œuvres, marque comme elles un élargissement du point de vue sur l’ordinaire. À cet élargissement participe le langage.
Du 4 février au 25 mars 2023, Art : Concept, 4 passage Sainte-Avoye, 75003 Paris