L’exposition « Making Past Present : Cy Twombly », qui a débuté au Getty Museum à Los Angeles, est actuellement présentée au Museum of Fine Arts (MFA) de Boston. Elle est la première aux États-Unis à explorer la manière dont l’artiste américain s’est inspiré des cultures antiques de la Grèce, de Rome et de l’Égypte.
Mais pourquoi a-t-il fallu attendre si longtemps pour organiser un tel événement ? « Cette exploration semble si naturelle et si évidente lorsque l’on étudie l’ensemble de son œuvre… elle est omniprésente et constitue un fil conducteur [dans son travail] », explique Christine Kondoleon, responsable des Antiquités grecques et romaines au MFA et commissaire de l’exposition.
La manifestation est organisée thématiquement, autour de sections telles que « Writings on the Wall » et « Aphrodite/Venus ». Cette dernière est l’une des plus importantes, réunissant de nombreuses œuvres consacrées aux déesses grecques et romaines de l’amour et du désir.
L’exposition donne également un nouvel aperçu des signes graphiques que Twombly a effectués sur nombre de ses œuvres. Un ensemble de 30 dessins présentant des marques bleutées, réalisés en 1970, n’ont été que récemment encadrés et sont ici présentés ensemble (Sans titre, Rome, 1970). « Les signes nous invitent à la fois à "lire", à comprendre, mais nous repoussent avec des gribouillis indéchiffrables, explique Christine Kondoleon. Ce que j’essaie de faire dans cette exposition, c’est de comprendre les propres confrontations quotidiennes de Twombly avec la langue – l’italien ou le latin dans les rues de Rome où il vivait ; et quand il voyageait : le grec, le perse, l’égyptien ».
Toutes les pièces antiques de l’exposition proviennent de l’appartement mythique de Cy Twombly à Rome, où il a emménagé en 1959. Dans le catalogue, la regrettée collectionneuse Dominique de Menil décrit sa visite de l’appartement en 1990 : « Une sculpture après l’autre – ses peintures et celles d’autres artistes empilées contre le mur, une ou deux visibles ; et des antiquités : des sculptures de Marc-Aurèle, d’Hadrien, un buste de Vénus ».
La difficulté à identifier les liens de Twombly avec le passé explique peut-être en partie pourquoi cet aspect de son œuvre n’a pas été abordé en profondeur. « [Les références à l’Antiquité] sont opaques, à tel point que je ne suis pas sûre que quelqu’un en ait pu en saisir plusieurs », affirme Christine Kondoleon. Elle évoque par exemple une sculpture en bois (Sans titre, Gaeta, 1995) qui porte une inscription tirée d’une note de bas de page issue d’une traduction des Idylles du poète grec Théocrite. « Très obscure en effet », conclut Christine Kondoleon.
« Making Past Present : Cy Twombly », du 14 janvier au 7 mai 2023, Museum of Fine Arts, Boston, États-Unis