La musique évoque toujours en nous des images, elle nous emmène en voyage et nous transporte. Cet imaginaire ne peut bien sûr laisser de marbre les artistes pour qui l’œuvre de compositeurs peut devenir une formidable source d’inspiration, le point de départ d’une création autonome ou d’autres qui viennent accompagner le champ sonore. Les salles de concert et les opéras accueillent régulièrement des plasticiens actifs dans des domaines variés des arts plastiques, mais parmi ceux-ci la vidéo reste un médium qui se marie particulièrement bien avec la musique, pour lui adjoindre une dimension qui permet au spectacle d’entrer complètement dans l’univers du multimédia.
L’un des maîtres incontestés de l’art vidéo, Bill Viola, s’est depuis de nombreuses années intéressé à ce type de collaborations, et deux événements pour lesquels il a conçu des images sont justement programmés à partir de cette semaine à Paris. Tristan et Isolde, de Richard Wagner, est ainsi donné sept fois à l’Opéra Bastille en ce début d’année, du 17 janvier au 4 février. Pour cette version dont l’orchestre sera dirigé par Gustavo Dudamel, la mise en scène a été conçue par Peter Sellars en 2005 et elle fait la part belle aux images de l’artiste américain qui sont projetées sur un écran suspendu au-dessus de la scène. L’on retrouve dans ces vidéos l’univers de Bill Viola, notamment son appétence pour l’eau et les mondes aquatiques. Elles viennent accompagner la passion fatale des deux amants mythiques. C’est à un registre différent qu’appartient l’autre partition à laquelle le vidéaste a prêté son talent, un concert proposé cette fois le 22 janvier à la Philharmonie de Paris. Ses images viennent en effet accompagner Déserts d’Edgard Varèse, ici interprété par l’Ensemble intercontemporain, sous la direction de Matthias Pintscher. Le compositeur avait toujours souhaité qu’une dimension cinématographique accompagne sa musique, chose qui avait pu se concrétiser en 1993 avec le travail de Bill Viola réalisé à partir des notes laissées par le Français naturalisé Américain. De l’eau ici encore, mais plus que jamais, l’artiste met aussi le feu.