C’est à un coup de foudre improbable qu’on doit l’exposition actuellement présentée à la galerie Loeve&Co Marais à Paris jusqu'au 14 janvier 2023 - la galerie reste ouverte cette semaine de Noël, week-end excepté. Au début des années 1980, Catherine Viollet (rien à voir avec Ultra Violet) tombe en arrêt devant les plantureuses sculptures de Maillol au jardin des Tuileries à Paris, installées en 1964 sous le ministère d’André Malraux. S’éloignant de la doxa de la Figuration libre dont elle est la seule femme, et qui prône pour inspiration les arts populaires, elle va les photographier, les filmer, et pour finir les peindre. Elle présentera en 1983 cette série d’œuvres inspirées par le sculpteur.
Presque quatre décennies plus tard, Stéphane Corréard et Hervé Loevenbruck font dialoguer ces peintures avec des pièces de Maillol, décidément intemporel : dans les années 1960, pour la chanson Elisa, Gainsbourg s’arrêtait justement devant La Méditerranée du sculpteur, place du Carrousel devant le Louvre, et le chanteur Renaud y fera aussi référence dans l’une de ses chansons, rappelle Alexandre Lorquin, codirecteur de la galerie Dina Vierny. Cette dernière, muse puis galeriste de Maillol, « est une héroïne pour moi, j’admire sa personnalité, sa volonté », confie aujourd’hui Catherine Viollet, dont les œuvres sont notamment dans la collection du MacVal, à Vitry-sur-Seine. Dans le même esprit, les puissantes nymphes des Tuileries sont pour elles des héroïnes au repos, entre deux luttes. Catherine Viollet s’inspire de ces sculptures, traduit leur force à l’acrylique sur envers de skaï déjà coloré. Elle ajoute une palette haute en couleurs, joyeuse et énergique. On peut y voir aussi sans doute quelques accents matissiens dans la célébration de la vie…
Pour l’occasion, aux côtés des sculptures présentées, la Fondation Maillol a prêté entre autres une toile du maître. « Ses peintures sont très rares, et encore plus rares en galerie », souligne Alexandre Lorquin, également vice-président de la Fondation Maillol. Celle-ci ambitionne, dit-il, de « montrer sous un jour actuel l’artiste et sa postérité ». Il faut prévoir de 15 000 à 25 000 euros pour les grandes toiles de Catherine Viollet, et 1 300 euros pour ses dessins ; et entre 8 000 et 12 000 euros pour les dessins et environ 90 000 euros pour les sculptures de Maillol, apôtre d’une féminité abandonnée mais finalement forte.