Sésostris Ier et Ramsès II doivent se retourner dans leurs sarcophages face à la floraison d’expositions et d’ouvrages qui célèbrent conjointement l’anniversaire du déchiffrement des hiéroglyphes par Jean-François Champollion et le centenaire de la découverte par Howard Carter de la tombe de Toutânkhamon ! Du Mucem, à Marseille, au Louvre-Lens, tous les musées semblent succomber à une égyptomanie galopante, gage de succès public… Spécialiste reconnu de ce mouvement artistique et grand collectionneur, Jean-Marcel Humbert n’a pas attendu l’année 2022 pour explorer les différentes facettes de cet engouement pour une Égypte plus fantasmée que réelle. Nourrie tout au long des XIXe et XXe siècles par les photographes et les peintres, mais aussi par les découvertes archéologiques et les romans populaires, l’égyptomanie a atteint son firmament à l’aube des années 1920. De l’architecture des théâtres et des cinémas (dont le Louxor, à Paris, admirablement restauré) à la sculpture, des arts décoratifs aux arts de la scène, en passant par la haute joaillerie, rien ne semble résister à la fièvre pharaonique.
BEAUTÉ ET ÉRUDITION
L’ouvrage que publie Norma Éditions à l’occasion de la belle exposition « Égyptomania » du Musée dauphinois, à Grenoble (jusqu’au 27 novembre 2023), ravira les amoureux de Néfertiti et Cléopâtre par son iconographie foisonnante et ses textes érudits. Bougeoirs et pendulettes ornés d’œil d’Horus, joyaux de Cartier et de Lanvin parés de scènes nilotiques y côtoient affiches, décors et costumes de théâtre ainsi que photographies d’actrices, dont l’inoubliable Claudette Colbert incarnant Cléopâtre pour Cecil B. DeMille, bien avant Elizabeth Taylor et son légendaire maquillage. On se pâme !
Pour les beaux yeux de Cléopâtre
L’Art déco a aussi cédé à la tentation d’une Égypte fantasmée, comme le raconte un spécialiste de l’égyptomanie dans un ouvrage richement illustré publié par Norma Éditions.
15 décembre 2022