Simon Hantaï, l’exposition
Pour garder la trace de l’exposition consacrée au premier semestre 2022 par la Fondation Louis-Vuitton à Hantaï, ou pour ceux qui n’ont pas pu la visiter, cet épais catalogue recense cent vingt œuvres des années 1957 à 2000 composant l’accrochage spectaculaire et souvent monumental, classées par grandes séries. Le catalogue est placé sous la direction d’Anne Baldassari, commissaire des expositions « Hantaï » mais également « Chtchoukine » et « Morozov ». Il comprend des entretiens avec Zsuzsa Hantaï, la veuve de l’artiste, ainsi qu’avec Daniel Buren, ainsi que des analyses de Jean-Luc Nancy, Georges Didi-Huberman, Jean-Louis Schefer, Anne Baldassari, complétées par une liste des expositions personnelles et collectives de l’artiste.
Anne Baldassari, Simon Hantaï, Fondation Louis-Vuitton, éditions Gallimard, 392 pages, 49,90 euros
L’URSS vue par Steinbeck et Capa
En 1947, John Steinbeck et Robert Capa partent pour un voyage de quarante jours en URSS, pour un photoreportage commandé par le New York Herald Tribune. Leur périple les amène de Moscou à Stalingrad en passant par… l’Ukraine, qui occupe deux chapitres de cet insolite journal. Sur les 4 000 photos prises par le fondateur de l’agence Magnum, centrées sur la vie quotidienne, une centaine sera censurée par les Soviétiques. Dans cette nouvelle traduction par Philippe Jaworski publiée chez Gallimard, Steinbeck, écrivain humaniste cardinal, auteur des Souris et des hommes et des Raisins de la colère, dresse une comparaison entre son pays, les États-Unis, et l’immense Russie, déjà au centre de bien des questionnements.
John Steinbeck, Journal russe, photographies de Robert Capa, éditions Gallimard, 304 pages, 69 ill., 38 euros
La scène artistique arabe en 50 portraits
Aujourd’hui commissaire d’expositions après avoir longtemps dirigé le musée de l’Institut du monde arabe (IMA) à Paris, Brahim Alaoui est sans doute l’un des meilleurs connaisseurs de la scène artistique arabe. Il signe, chez Skira, un ouvrage qui brosse, en cinquante portraits, un panorama de cette création, des « modernes », dont la regrettée Etel Adnan, porteuse des héritages du XXe siècle, à la génération plus contemporaine des Ghada Amer, Kader Attia, Mounir Fatmi ou Youssef Nabil, aujourd’hui largement reconnus à leur tour. Un entretien de l’auteur avec la critique d’art Pascale Le Thorel remet en perspective les rencontres de Brahim Alaoui avec les artistes, tandis qu’une longue introduction de ce dernier replace cette production dans son contexte historique, géographique et postcolonial.
Brahim Alaoui, Regard sur les artistes modernes et contemporains arabes, éditions Skira, 376 pages, 250 ill., 49 euros
Designers et créateurs des années 80-90
Une génération s’est écoulée depuis les années 1980 et 1990, qu’il est temps de redécouvrir et d’examiner avec un certain recul. Décennie « de l’argent roi, du look et de la com’ », elle peut « lever des sentiments ambivalents de nostalgie ou de rejet », résument les auteurs de ce bel ouvrage, Guy Bloch-Chamfort et Patrick Favardin, déjà à la manœuvre pour d’autres livres sur les décennies précédentes. Selon eux, les valeurs « qui ont fondé sa singularité, celle de l’individualisme et de la quête d’un univers ludique, sont toujours à l’œuvre et régissent notre présent ». Ensemble, les créateurs convoqués dans ce livre, de Ron Arad aux Lalanne en passant par Andrée Putman, Marc Newson ou André Dubreuil, tentent d’inventer un langage postmoderniste à travers des productions passées aujourd’hui au tamis de l’histoire de l’art et de l’histoire du goût…
Guy Bloch-Chamfort et Patrick Favardin, Designers et créateurs des années 80-90, éditions Norma, 65 euros