Art Basel Miami Beach a parcouru un long chemin. La foire célèbre son 20e anniversaire cette année avec sa plus importante édition à ce jour, qui compte plus de 280 exposants (1er-3 décembre). Elle accueille également une nouvelle équipe de direction, avec Noah Horowitz au poste nouvellement créé de directeur général d’Art Basel – succédant à Marc Spiegler, ancien directeur mondial de la marque –, et Vincenzo de Bellis, qui prend la direction de ses quatre foires, à Bâle, Miami Beach, Hongkong et Paris.
Noah Horowitz, historien de l’art et ancien responsable mondial des services aux galeries et aux marchands privés chez Sotheby’s, revient dans le groupe, après avoir été directeur d’Art Basel pour les Amériques de 2015 à 2021. Vincenzo de Bellis revient également dans le marché de l’art, après avoir été directeur artistique de la foire d’art contemporain Miart à Milan de 2012 à 2016. Il a ensuite rejoint le Walker Art Center à Minneapolis où il a été conservateur et directeur associé des programmes pendant les six dernières années. La nomination de ces deux hommes ouvre un nouveau chapitre pour l’une des plus importantes sociétés commerciales du monde de l’art contemporain. Leur vision donnera le ton au groupe pour l’avenir.
Le développement d’Art Basel durant ces cinquante dernières années a été accompagné par différentes phases de l’économie, des changements de paradigmes politiques et d’évolution esthétique, redéfinissant le rôle du collectionneur en tant qu’arbitre globe-trotter. L’identité actuelle d’Art Basel a été forgée au début des années 1990 par le directeur de l’époque, Sam Keller, qui a « affiné l’idée de l’art contemporain en tant que choix de style de vie », selon son prédécesseur, Lorenzo Rudolf, qui a été le premier à lancer le projet d’une foire aux États-Unis. Les fêtes huppées et l’accent mis sur les expériences VIP à Miami Beach ont inauguré une nouvelle ère de super-collectionneurs, élevant rapidement le jeune frère américain de Bâle au rang d’événement de premier plan.
Au moment où Noah Horowitz entame son mandat, le voile commence à se lever sur sa stratégie pour l’avenir d’Art Basel. « Nous veillons à ce que les quatre foires qui relèvent d’Art Basel soient, et restent, les meilleures dans leur catégorie et absolument porteuses, explique-t-il à The Art Newspaper. Les meilleures œuvres d’art, les projets les plus ambitieux, la programmation, les galeries, les conservateurs, etc. Pour les cinq à dix prochaines années, c’est la principale priorité pour nous ».
Vincenzo de Bellis acquiesce. « Il est très important qu’une structure comme Art Basel élargisse encore le concept même de foire d’art, dit-il. La mise en place d’une nouvelle direction avec Noah, moi-même et d’autres collègues nous donne l’occasion d’étendre plus encore le champ de ce que la marque peut proposer. »
Le marchand d’art de Miami David Castillo salue l’arrivée de Noah Horowitz en tant que directeur général, estimant que sa formation universitaire et son esprit pratique sont des atouts pour l’avenir de la foire. « J’ai toujours été impressionné par le fait d’être face à quelqu’un qui en sait beaucoup sur l’art et qui souhaite voir ce que font les galeries, physiquement, dans la vie réelle, déclare David Castillo. Je pense qu’il va vraiment vouloir donner à [la marque] des directions nouvelles et peut-être même inattendues qui pourraient faire évoluer le format de ce que peut être une foire ou un salon de ce niveau, et ce que les gens peuvent en attendre. »
Pour ses débuts à la tête du groupe, Noah Horowitz dit se concentrer sur le maintien du niveau d’excellence qui est devenu synonyme de la marque Art Basel. « Je pense que la meilleure façon de commémorer ces 20 ans est d’offrir une édition grandiose et retentissante », dit-il, en évoquant les changements spécifiques dont il a été le fer de lance : « Le secteur Meridians, qui est réservé aux sculptures et aux installations de grande échelle, est un projet que j’ai lancé précédemment et qui ne se trouve plus dans la Grand Ballroom, une extension de 5 500 mètres carrés construite lors de la rénovation [du Convention Center]. Il va en fait être intégré au même niveau que le salon ».
Lors de la conférence de presse d’Art Basel Miami Beach, mardi 29 novembre 2022, Marc Spiegler a témoigné de l’investissement de la foire dans la diversité et l’inclusion. « Nous avons travaillé avec le comité de sélection cette année pour créer une foire qui représente mieux notre société, a-t-il déclaré. Plus de galeries d’Asie, plus de galeries d’Afrique, plus de galeries appartenant à des Noirs. C’est notre édition la plus globale et la plus forte à ce jour ». Noah Horowitz a également décrit la foire de cette année comme un « changement radical dans l’état d’esprit de Miami Beach », faisant l’éloge de « l’extraordinaire potentiel inexploité » de la marque Art Basel.
Le changement le plus significatif à ce stade est peut-être dans le domaine de la philanthropie. Cette année, la foire lance une campagne de collecte de fonds au profit du programme STEAM+, une initiative du Bass Museum de Miami Beach visant à intégrer les arts visuels et le spectacle vivant dans les programmes d’enseignement des sciences, de la technologie, de l’ingénierie et des mathématiques, en finançant des programmes d’artistes en résidence dans sept écoles publiques de Miami Beach. Art Basel a déjà fait un don initial, mais elle prévoit d’étendre son réseau de partenariats pendant la foire. « Nous avons pensé qu’au lieu d’ajouter une chose de plus dans la liste des fêtes incroyables qui se déroulent – mais qui pèsent aussi sur la ville –, redistribuer à la communauté était la meilleure approche pour célébrer non seulement le salon, mais aussi la ville de Miami Beach, explique Vincenzo de Bellis. Si nous avons davantage de choses à donner en retour, pourquoi ne pas le faire ? ».
« Au fur et à mesure que notre groupe se développe et que nos racines s’ancrent de plus en plus profondément dans ces différentes communautés, je pense qu’il existe des moyens de tirer parti de tout ce qu’Art Basel possède en tant que structure », déclare Noah Horowitz. La priorité est aussi de suivre le rythme rapide du monde de l’art.
« Art Basel doit continuer à évoluer, ajoute David Castillo. Elle doit être dans l’air du temps, car c’est l’art qu’elle présente. Le format lui-même doit également évoluer ».