Parler du futur dans un bar de style années 1930 aurait dû nous mettre la puce à l’oreille. C’est en effet dans ce lieu juché sur les toits du Palais de Chaillot, à Paris, dans lequel est logée la Cité de l’architecture et du patrimoine, que sa présidente, Catherine Chevillot, a dévoilé, le 29 novembre, les nouvelles orientations de l’institution qu’elle préside depuis le 8 mars 2021, après neuf ans passés à la tête du musée Rodin.
« La Cité est une boule à facettes et elles sont nombreuses, certaines connues comme les expositions, d’autres moins comme une bibliothèque accessible à tous, un centre des archives qui regroupe 450 fonds d’agences, une école…, explique Catherine Chevillot. Il faut maintenant que cette ‘’boule’’ tourne davantage et qu’elle prenne plus de lumière ». D’où, ces nouvelles orientations afin de « rendre cette Cité, qui n’est pas encore très bien perçue par le public, davantage visible. L’architecture est sans doute l’art avec lequel les concitoyens sont le plus en contact quotidiennement et celui qu’ils connaissent le moins », avance la présidente. Aussi, a-t-elle décidé de lancer deux grands chantiers :« D’abord, agir sur le lieu ; ensuite, agir sur l’offre ».
En premier donc, le lieu. « Le Palais du Trocadéro est un paradoxe : des 20 millions de personnes qui parcourent chaque année son esplanade, seuls 3 % savent ce qu’il y a à l’intérieur du bâtiment, indique Catherine Chevillot. L’idée est de travailler avec les autres entités du Palais, en l’occurrence le Théâtre national de la danse et les musées de l’Homme et de la Marine. Concrètement, on pourrait avoir une signalétique et une communication communes, voire, un jour, une programmation commune. Il s’agit de faire masse pour être plus repéré ». Quant à la Cité en tant que telle : « Notre souhait est d’élargir le public chez les jeunes et les familles, souligne la présidente. Il ne s’agit pas de se demander ce qu’on pourrait y diffuser, mais au contraire, à l’instar des ‘’retours d’expérience-clients’’, ce que le public aimerait bien y trouver… Je ne parle pas de choix de contenus, qui restent les nôtres, mais de manières de les traiter différemment ».
Un renforcement de la médiation est aussi annoncé avec, notamment, l’ouverture d’une nouvelle salle pédagogique tous publics. Autre changement avancé, la refonte du parcours permanent : « C’est un projet qui me tient à cœur, assure Catherine Chevillot. Il faut lui donner une narration plus forte, une cohérence plus importante ». Dernier point :« Nous devons progresser en matière de confort de visite avec la pérennisation d’un accès PMR définitif, d’une boutique et d’un café, et de différentes ‘’zones de pose’’ à l’intérieur du parcours, ‘'afin de ne pas s’enfiler les galeries comme un marathon’’ ».
Le deuxième grand volet, lui, concerne… l’offre. « Il ne s’agit pas de faire table rase, indique Catherine Chevillot, mais d’améliorer la forme et les contenus pour être plus accessible au grand public et facile à comprendre pour qui n’est pas familier avec l’architecture ». Ainsi, la programmation 2023 se restructure selon trois grands axes : le défi écologique, les grandes questions de société – logement, lien entre mobilité et urbanisme… –, enfin la dimension artistique de l’architecture et sa relation avec les autres arts. « L’architecture contemporaine est moins populaire que le patrimoine, il faut donc faire davantage le lien entre le patrimoine et l’époque actuelle, estime Catherine Chevillot. En 2023, il y aura ainsi une exposition sur les grands magasins, de l’origine à nos jours ». Le cours d’Histoire mondiale de l’architecture développé avec l’École du Louvre, sera reconduit en 2023-2024, et le portail des ressources documentaires du musée repensé. « Il faut qu’il y ait une meilleure identification des offres hors les murs – soit 15 expositions par an dans les Maisons de l’architecture, CAUE ou écoles d’architecture –, et que nous franchissions une marche supérieure en collaborant avec les collectivités locales, dit Catherine Chevillot. Enfin, que la Cité soit plus un lieu d’échange entre les architectes, les maîtres d’ouvrage et les donneurs d’ordre, qu’elle renforce son rôle de plaque tournante. » Deux expositions phares de 2023 concernent l’une le chantier de la cathédrale Notre-Dame, l’autre… Gustave Eiffel, à l’occasion du centenaire de sa mort. L’architecture contemporaine aurait-elle du mouron à se faire ?
Cité de l’architecture et du patrimoine, 1 place du Trocadéro et du 11 Novembre, 75116 Paris