C’est l’historien de l’art et professeur (à l’université de Fribourg, en Suisse) Jérémie Koering qui a reçu le prix Pierre Daix 2022, remis par François Pinault le 28 novembre 2022, à la Bourse de Commerce. Il a été couronné pour son ouvrage Les iconophages, une histoire de l’ingestion des images, paru chez Actes Sud en 2021. Les membres du jury ont salué « le travail de l’historien d’art et professeur Jérémie Koering, la qualité de la recherche et de l’écriture, et le choix d’un sujet – l’histoire de l’iconophagie de l’Antiquité à nos jours – hors des sentiers battus, jusqu’ici peu documenté, puisant à l’Antiquité et allant jusqu’à informer la création moderne et contemporaine ». Le jury était présidé par Emma Lavigne, directrice générale de la Pinault Collection ; la journaliste Laure Adler ; Jean-Louis Andral, directeur du musée Picasso d’Antibes ; Martin Bethenod, président du Crédac – Centre d’art contemporain d’Ivry ; Nathalie Bondil, directrice du département du musée et des expositions à l’Institut du monde arabe ; Jean-Pierre Criqui, conservateur au service des collections contemporaines au musée national d’art moderne - Centre Pompidou ; Cécile Debray, présidente du Musée national Picasso-Paris ; Donatien Grau, critique d’art ; Christophe Ono-dit-Biot, directeur adjoint de la rédaction du Point ; Bruno Racine, directeur du Palazzo Grassi – Punta della Dogana ; et enfin Pascal Rousseau, récipiendaire du prix Pierre Daix 2020.
Pour le moins original, le sujet du livre Les iconophages explore l’ingestion d’images sous forme comestible. « Depuis l’Antiquité, on n’a cessé de se repaître de fresques, d’icônes, de sculptures, de gravures, d’hosties estampées, de gaufres héraldiques, de représentations en massepain ou de mets sculptés…, explique la Pinault Collection. Mais comment expliquer pareille attitude à leur égard ? Pourquoi prendre en soi une image, au risque de la détruire, plutôt que de la contempler à distance, sagement ? Quels imaginaires traversent ces désirs d’incorporations ? Quelles sont les configurations visuelles offertes à la bouche et quels en sont les effets ? Quelles fonctions thérapeutiques, religieuses, symboliques ou sociales peut-on attribuer à cette forme de relation iconique ? » Telle est l’enquête de l’auteur, qui était en compétition avec Gwenaëlle Aubry, Jean-Christophe Bailly, Valérie Da Costa (contributrice à The Art Newspaper édition française), Clément Dirié, Guillaume Le Gall, Laurence Madeline et Estelle Zhong.
Créé en 2015 par François Pinault en hommage à son ami l’écrivain et historien de l’art Pierre Daix, disparu en 2014, le prix Pierre Daix distingue chaque année un ouvrage dédié à l’histoire de l’art moderne et contemporain. Il est doté de 10 000 euros.