Un programme de soutien aux étudiants en art et aux universités ukrainiennes a été lancé à la Tate Modern, à Londres, alors que les institutions culturelles et éducatives ukrainiennes continuent d’avoir besoin d’aide pour rester ouvertes et fonctionner. La plateforme UAx offre aux étudiants et au personnel touchés par la guerre et souhaitant rester en Ukraine l’accès à un réseau en cours de développement de programmes de mentorat et de partenariats institutionnels avec des universités de toute l’Europe, ainsi qu’un fonds de bourses d’urgence pour les étudiants en grande difficulté. La plateforme est un partenariat entre la Ligue européenne des instituts des arts (ELIA), un réseau international de 280 établissements d’enseignement supérieur artistique, et la Fondation Abakanowicz pour les arts et la culture (AACCF), créée par la sculptrice polonaise Magdalena Abakanowicz (1930-2017). Le soutien de la fondation à UAx représente sa plus importante subvention jamais accordée.
L’annonce a coïncidé avec l’ouverture de l’exposition « Magdalena Abakanowicz : Every Tangle of Thread and Rope » (du 17 novembre 2022 au 21 mai 2023) à la Tate Modern. Le fait que Magdalena Abakanowicz ait connu l’occupation soviétique et le régime communiste polonais sensibilise la fondation à la cause ukrainienne. Mary Jane Jacob, codirectrice artistique de l’AACCF et commissaire de l’exposition, a ajouté qu’Abakanowicz avait éprouvé des difficultés considérables lorsqu’elle était étudiante, dormant notamment dans la rue pendant un certain temps. Maria Hansen, directrice exécutive d’ELIA, considère Abakanowicz comme « la principale source d’inspiration pour UAx », un programme en cours d’élaboration depuis juin de cette année.
Les difficultés rencontrées par les étudiants en art ukrainiens sont au centre du court-métrage Creating in Conflict, réalisé au début du mois pour faire connaître la plateforme UAx. L’Académie d’État de design et d’arts de Kharkiv (KSADA) a été si durement touchée que les étudiants et le personnel ont été contraints de trouver refuge ailleurs, notamment auprès des institutions membres d’ELIA. L’importance d’éviter une « fuite des cerveaux » est bien connue et, selon Maria Hansen, « le besoin du secteur de l’enseignement supérieur artistique en Ukraine était clair. Ils n’avaient pas besoin d’être évacués. Ils avaient besoin d’un soutien pour maintenir les institutions en vie. Un soutien pour permettre aux étudiants de poursuivre leurs études et pour aider ces jeunes artistes à continuer à créer. »
La clé de l’offre de soutien de l’UAx est son réseau d'« écoles sœurs », qui, au cours de cette première année, comprend des partenariats entre cinq universités ukrainiennes et cinq institutions en Allemagne, en Estonie, en Pologne, aux Pays-Bas et en République tchèque. D’ici la troisième année, 15 institutions ukrainiennes seront partenaires et membres d’ELIA à part entière pendant trois ans, avec accès à ses réseaux, ressources, programmes et autres opportunités. Oleksandr Soboliev, recteur de la KSADA, a déclaré que si ces ressources étaient inestimables, le plus important était la possibilité offerte par le programme « de redémarrer malgré ces temps difficiles, de surmonter les conséquences psychologiques et physiques que l’agression russe a infligées aux étudiants et aux mentors ukrainiens ».