Dans une récente déclaration, la présidente de Qatar Museums (QM), Cheikha al-Mayassa bint Hamad bin Khalifa al-Thani, a décrit cette vaste campagne de commandes publiques dans le pays comme « l’une de nos plus importantes manifestations d’échange culturel, où nous exposons des œuvres d’artistes de toutes nationalités et de tous horizons ». Au cours des dix dernières années, QM a installé quelque 70 œuvres monumentales d’artistes internationaux, régionaux et locaux dans des espaces publics, allant de l’aéroport international Hamad au souk de Doha. Le programme a pris une nouvelle dimension pour atteindre plus de 100 œuvres au moment de la Coupe du monde de football (20 novembre-18 décembre), au cours de laquelle environ 1,5 million de fans de ballon rond sont attendus dans ce pays de 2,9 millions d’habitants.
Nous présentons ici un choix de sept nouvelles œuvres qui constituent une « vaste expérience de musée d’art en plein air » au Qatar.
Ugo Rondinone, Doha Mountains (Montagnes de Doha) (2022), front de mer de Ras-Abu-Aboud, près du stade 974, à Doha
Les mégalithes contemporains d’Ugo Rondinone reprennent les cinq couleurs des anneaux olympiques – un clin d’œil peut-être au Qatar, qui rêve depuis longtemps d’accueillir les Jeux olympiques. Les empilements de roches caractéristiques de l’artiste suisse ont élu domicile sur la plage nouvellement aménagée, près d’une autre structure colorée : le stade 974, un assemblage de 974 containers qui sera démantelé après la Coupe du monde.
Sculptures et installations de Yayoi Kusama dans le MIA Park, à Doha
Les palmiers à pois qui bordent le vaste front de mer à proximité du Musée d’art islamique (MIA), conçu par I.M. Pei et récemment rénové, sont typiques du travail de Yayoi Kusama. Cette œuvre temporaire de l’artiste japonaise obsédée par les pois présentée dans le MIA Park est accompagnée par l’une de ses sculptures psychédéliques de fleurs surdimensionnées, un motif récurrent qui renvoie aux hallucinations de son enfance.
Najla El Zein, Us, Her, Him (Nous, Elle, Lui) (2022), Flag Plaza, à Doha
L’artiste libanaise Najla El Zein a travaillé pendant la pandémie avec une équipe de sculpteurs de pierre à Beyrouth pour produire cette installation in situ qui s’étend sur plus de 300 mètres autour de la Flag Plaza récemment créée à Doha. Les formes sinueuses et entrelacées en pierre calcaire reflètent les idées de relations humaines et de collectivité et font office de bancs publics, invitant les gens à se reposer et à se rassembler.
Jeff Koons, Dugong (2022), Al Masrah Park, Doha
La sculpture gonflable brillante de Jeff Koons, qui domine la Corniche de Doha de plus de 20 mètres de haut et 30 mètres de long, reprend la forme et le nom d’un mammifère marin en voie de disparition qui peuple les eaux du Golfe depuis des milliers d’années. Le Dugong restera en place pendant environ six mois, comme un symbole de la nécessité de protéger la faune et la flore du Qatar.
Shezad Dawood, Doha Modern Playground (Aire de jeu moderne de Doha) (2022), Al Masrah Park, à Doha
À quelques pas du Dugong de Jeff Koons a été conçue l’aire de jeux pour enfants de Shezad Dawood, artiste née et basée à Londres. Les plus jeunes peuvent grimper sur des structures inspirées de l’architecture moderniste de la ville après l’indépendance. Le déclencheur du projet a été l’hôtel Sheraton de forme pyramidale conçu par William Pereira en 1982, le premier bâtiment du panorama formé aujourd’hui par les multiples gratte-ciel du quartier d’affaires de West Bay à Doha.
Olafur Eliasson, Shadows travelling on the sea of the day (Ombres voyageant sur la mer du jour) (2022), près du fort d’al Zubarah et d’Ain Mohammed
Lors d’un discours prononcé au Qatar pour l’inauguration de son projet, Olafur Eliasson a comparé son ensemble de sculptures en formes de disques miroirs dans le désert à l’aspect des colonies bédouines. Les visiteurs devront faire plus d’une heure de route depuis Doha, puis poursuivre à pied dans le désert pour atteindre l’œuvre. Celle-ci est située dans le paysage accidenté au-delà des sites patrimoniaux du fort d’Al Zubarah Fort et d’Ain Mohammed. Ceux qui s’y attarderont jusqu’au crépuscule seront récompensés par l’expérience magique de la lumière changeante autour de ces sculptures monumentales et de leurs ombres peuplant le désert. Olafur Eliasson décrit cette installation comme « une invitation à faire corps avec la planète ».
Ernesto Neto, Slug Turtle, TemplEarth (Tortue-limace, TempleTerre) (2022), près du fort d’al Zubarah et d’Ain Mohammed
L’environnement en filet de l’artiste brésilien Ernesto Neto, également situé dans le désert au nord du pays, invite les visiteurs à entrer à l’intérieur d’un but de football octogonal disposant d’une sphère en céramique en son centre. Ouverte aux éléments, la pièce est conçue comme un lieu de méditation et de communion : entre les êtres humains et le désert et entre des personnes issues de différentes cultures.