Après avoir lu un article que lui consacrait Il Resto del Carlino le matin du 18 novembre, et alors même que des journalistes avaient tenté hier et aujourd’hui encore de s’approcher de sa propriété, Giuliano Ruffini a pris la décision de préparer sa valise. En fin de matinée, il s’est présenté avec son avocat italien Federico De Belvis à la compagnie des Carabinieri de Castelnovo Monti afin de « se mettre à la disposition de la justice ».
Le collectionneur et marchand Giuliano Ruffini est mis en cause dans une vaste affaire de faux dans le domaine des tableaux anciens.
Un article paru le 16 novembre dans l’édition internationale de The Art Newspaper a agité la presse italienne. Il indiquait que la police semblait ne pas avoir la moindre idée de l’endroit où se trouvait Giuliano Ruffini, et s’il était toujours présent en Italie. Le présumé faussaire semblait en effet injoignable. En réalité, les réseaux de téléphonie mobile sont difficilement accessibles depuis son domicile, situé au cœur des montagnes d’Émilie-Romagne. Il n’a en réalité jamais quitté sa maison depuis des années. Le réseau Wifi y est bien meilleur. Ainsi, son compte WhatsApp indiquait d’ailleurs qu’il s’est connecté pour la dernière fois le 17 novembre à 7 h 11 du matin.
Un communiqué publié le 18 novembre par son avocat français Paul Le Fèvre (cabinet Kiejman & Marembert) affirme que Giuliano Ruffini a demandé en 2017 « à quatre reprises au magistrat instructeur chargé de cette affaire de l’entendre en Italie, par la voix de l’entraide judiciaire européenne, en vain. Il n’a jamais laissé aucune convocation judiciaire sans réponse, qu’elle émane des autorités françaises ou italiennes ». En 2020, la Cour d’appel de Milan avait décidé que Giuliano Ruffini devait rester en Italie le temps que l’enquête pour évasion fiscale menée à son encore par le Tribunal de Reggio Emilia arrive à son terme. Celle-ci étant terminée – il en est sorti avec un non-lieu –, rien n’empêche plus sa remise à la justice française. La juge Aude Burési a en effet lancé un mandat d’arrêt européen à son encontre en 2019.