La Luxembourg Art Week a fermé ses portes dimanche 13 novembre sur un record absolu de 20 000 visiteurs (ils étaient 15 000 l’année dernière). La veille, samedi soir, ce ne sont pas moins de 700 convives – invités par les sponsors ou par les galeries – qui se sont pressés autour de dizaines de tables dressées dans les allées à proximité immédiate de stands et des œuvres.
L’ambiance était au beau fixe tant chez les invités venus d’horizons géographiques ou professionnels des plus différents – y compris bon nombre de collectionneurs de renom, français et belges – que de la part des exposants, pour la majorité desquels les affaires se sont bien passées après les trois premiers jours de la manifestation. Pour les quelques autres, il leur restait ce dîner et le dimanche pour concrétiser des contacts.
Nombre d’exposants soulignaient le niveau d’écoute et d’intérêt de la part d’un public ouvert et curieux qui prend le temps de déambuler dans cette foire à dimension humaine, puisqu’elle comptait environ quatre-vingts stands. Ceux-ci étaient répartis en trois sections : Main Section, pour les galeries les plus établies (une cinquantaine) ; Take Off pour les galeries émergentes (vingt-quatre) ; et Solo (seulement six) qui, comme il se doit, était réservée à des expositions individuelles. Parmi elles, on retiendra celles de Thomas Devaux (Macadam, Bruxelles), les spectaculaires peintures de Mathieu Boisadan (Vis-à-Vis, Metz), les fusains des « Interior Series » de Nuno Lorena chez Nosbaum Reding Projects (Luxembourg, de 4 600 à 8 400 euros) ou encore les tableaux « domestiques » du Flamand Jan De Vliegher chez Zwart Huis (Bruxelles, de 10 000 à 25 000 euros).
Quelques rares solos figuraient dans les deux autres sections, comme l’environnement pictural immersif de Mehryl Levisse chez Balak (Charleville-Mézières) et surtout le solo des plus remarqués que Laurent Godin consacrait au duo Alexandre & Florentine Lamarche-Ovize, tout récemment présenté dans sa galerie parisienne. On pouvait y trouver de superbes pastels à l’huile enserrés dans un cadre en faïence émaillée au prix de 4 000 euros, alors que leurs riches techniques mixtes sur papier se négociaient entre 1 800 et 11 000 euros selon le format.
Parmi les autres galeries de la section principale, on ne pouvait manquer la Patinoire Royale / Galerie Valérie Bach et sa première collaboration avec l’artiste Renaud Auguste-Dormeuil et son drone Je me fous du passé. Sur le stand de la galerie Lelong & Co., Nathalie Berghege se félicitait « d’avoir réussi à placer chez nos collectionneurs luxembourgeois les six œuvres de notre dernière recrue, la jeune peintre Christine Safa », tout en présentant également deux belles toiles de Fabienne Verger (à 120 000 euros) et deux superbes éditions de Richard Serra (à 20 000 euros pour un tirage à 22 exemplaires). On retiendra aussi le très bel accrochage de la galerie Backslash (Paris) autour du trio Boris Tellegen, Simon Nicaise et Rero. Le jeune photographe belge Lucas Leffler attirait l’attention avec ses tirages expérimentaux (Lee-Bauwens Gallery, Bruxelles), par ailleurs visibles au même moment au salon A ppr oc he à Paris, dans le cadre de sa récente « Residence Picto Lab » (galerie Intervalle, Paris).
Parmi les modernes, la galerie luxembourgeoise Hessler dévoilait un magnifique tableautin de François Morellet (Rayures verticales, 1951) proposé à 45 000 euros, ainsi qu’un mur consacré aux eaux-fortes de Pierre Soulages (de 36 000 à 70 000 euros). De la même manière, la galerie Ceysson & Bénétière élargissait son offre habituelle en consacrant la moitié de son stand à des œuvres d’artistes d’une génération précédente comme Olivier Debré (120 000 euros), Hans Hartung (320 000 euros) et une superbe toile de Jean Messagier (à 70 000 euros). L’enseigne déclarait avoir « déjà bien vendu à des collectionneurs luxembourgeois qui ne viennent nous voir qu’à la foire, alors que notre galerie principale est située à moins d’une demi-heure en voiture du centre-ville ».
D’autres tenants de l’art abstrait des années 1950 étaient comme de coutume présents à la galerie Arnoux (Paris). Le stand d’Eva Meyer était quant à lui intégralement consacré aux eaux-fortes colorées de la série des Cactus (1969) de Man Ray (à 4 500 euros). D’autres pépites étaient à découvrir aux détours des cimaises de la galerie MDZ (Knokke) qui, parmi plusieurs œuvres de Christo, proposait deux dessins datant de 1968 (affichés à 45 000 euros). Plus loin, un mur était consacré à l’abstraction optique et au minimalisme européen, avec des œuvres sur papier du Belge Walter Leblanc et du rare Hollandais Jan Schoonhoven dont un Relief peint datant de 1980 a été vendu à un peu plus de 100 000 euros à une collection privée.
Si la foire s’est encore bonifiée cette année et a franchi un nouveau palier – notamment grâce au travail du comité de sélection –, subsistaient quelques rares galeries plus faibles où certaines pièces présentées relevaient davantage du domaine de la décoration.
Enfin, à l’image du projet monté à Esch-sur-Alzette (lire The Art Newspaper édition française, novembre 2022), pourrait aussi être imaginé à l’avenir un authentique parcours urbain de sculptures aux abords de la foire et des autres institutions culturelles partenaires de l’événement.