Si le nombre total d’exposants change peu comparé à l’an dernier (181 contre 177 environ), Paris Photo voit sa physionomie évoluer cette année grâce à un fort taux de renouvellement. « Nous avons 30 % de nouveaux participants ou de retours, et 25 % de galeries venant pour la première fois, ce qui donne à la Foire une certaine fraîcheur », confie Florence Bourgeois, directrice de l’événement. Parmi ces nouveaux venus figurent Catherine Issert (Saint-Paul-de Vence), Deepest Darkest (Le Cap), Martch Art Project et Zilberman (Istanbul), Hestia (Belgrade), Persiehl & Heine (Hambourg), Einspach (Budapest) ou encore Francisco Fino (Lisbonne). Un échantillon qui en dit long sur la vitrine mondiale qu’est devenue Paris Photo dans sa spécialité, avec cette année, 31 pays représentés. En 2011, l’arrivée au Grand Palais avait encouragé une représentation plus internationale, avec deux tiers de galeries étrangères… Parmi les nouvelles recrues : Wilde (Genève) propose un focus sur Marina Abramović autour de la performance ; Nature Morte (New Delhi) exposera le travail de Bharat Sikka sur les questions de genre ; Persiehl & Heine (Hambourg) présente les images de Gregor Törzs réalisées sous l’eau avec des appareils étanches ; les galeries stambouliotes Martch Art Project et Zilberman ont un stand commun, où elles montrent les travaux de Zeynep Kayan et d’Alp Sime. D’autres encore font leur retour pour cette édition anniversaire, Paris Photo fêtant 25e édition ! La Goodman Gallery (Johannesburg) mêle Alfredo Jaar – lauréat 2020 du prix international de la Fondation suédoise Hasselblad – et le Sud-africain David Goldblatt.
Les Parisiens Baudoin Lebon, Eric Dupont et Lelong & Co. reviennent cette année ainsi que les Américains Fahey/ Klein (Los Angeles) et Robert Koch (San Francisco), accentuant la présence des États-Unis. Par ailleurs, enseignes spécialisées et galeries d’art contemporain voisinent à la Foire, qui accueille cette année encore, entre autres parisiennes, Aline Vidal, Bendana-Pinel, Binome, Ceysson & Bénétière, Christian Berst Art Brut, Christophe Gaillard, Karsten Greve, Les Filles du Calvaire, Magnin-A, Nathalie Obadia, Suzanne Tarasieve… Du côté des poids lourds américains, on note le grand retour de Pace et Gagosian, autre signe que Paris Photo attire un public de qualité… et doté de quelques moyens.
UNE TOUCHE FÉMININE
L’invitée d’honneur de cette Foire dirigée par une femme en est une autre : Rossy de Palma. L’actrice fétiche de Pedro Almodóvar a choisi 25 images présentées lors de cette 25e édition (lire page 29). Un cartel spécifique les désigne au fil des stands. Nul doute que cette personnalité iconoclaste saura épingler des clichés peu banals et hauts en couleur… En outre, pour la cinquième fois, Elles x Paris Photo est reconduit, avec le soutien de Women in Motion, le programme de Kering dédié aux femmes dans la culture. Il a cette année pour commissaire Federica Chiocchetti, spécialisée en photographie et en littérature et directrice du musée des Beaux-Arts du Locle, en Suisse. Soixante-dix-sept artistes ont été choisies cette année parmi les galeristes et les éditeurs de livres pour être mises en avant. Si nombre de grands noms du marché restent des hommes, « la place des femmes à Paris Photo va grandissant. Elle est passée de 20 % voici quatre à cinq ans à environ un tiers des signatures représentées », relève Florence Bourgeois. Et de poursuivre : « L’écosystème est sensibilisé à ce sujet, avec un travail en amont pour convaincre les galeries que, si elles montrent des artistes femmes, elles bénéficieront d’une visibilité particulière », notamment grâce à cette section Elles x Paris Photo Women in Motion. « Il y a une prise de conscience », se réjouit-elle. Cette année, c’est encore une femme qui tient les rênes du secteur Curiosa, consacré à des focus sur des artistes émergents et aux pratiques les plus actuelles. Commissaire au centre d’art contemporain UCCA à Pékin, Holly Roussell a sélectionné seize créateurs issus de douze pays différents. Au total, quarante solo et duo shows sont présentés.
Cette 25e édition marque également la consécration non seulement de Paris Photo, qui s’est progressivement imposée – en un peu plus d’un quart de siècle – comme la manifestation la plus importante au monde dans sa spécialité, mais aussi celle du médium photographique en tant qu’art à part entière. «La Foire n’a fait que contribuer à la reconnaissance de ce médium qui s’est aussi imposé dans les institutions», souligne Florence Bourgeois. Quant au public de Paris Photo, il réunit « des collectionneurs d’art contemporain qui achètent de la photo et un public de fidèles concentrés sur ce médium », observe-t-elle. Dans un contexte sanitaire moins crispé que les années précédentes, les représentants des musées et autres institutions publiques ou privées devraient être nombreux à parcourir ces allées.
« Nous attendons 138 groupes de musées, qui viennent souvent avec leurs trustees, dont près de 100 sont internationaux, allant du Centre Pompidou [à Paris] à la Tate [à Londres]», précise Florence Bourgeois. « Nous avons le désir que le visiteur continue à faire des découvertes, notamment grâce à la section d’artistes émergents, poursuit-elle. Nous tenons aussi à ce que chacun puisse repartir avec une œuvre – les prix débutent entre 800 et 1000 euros – ou bien même avec un livre dédicacé. Nous organisons 300 signatures d’artistes ! C’est aussi cela, Paris Photo : plus qu’une Foire, une plateforme. »
Paris Photo, 10-13 novembre 2022, Grand Palais Éphémère, Champ de Mars, 75007 Paris.