Très proche de Vladimir Poutine, l’oligarque d’origine ouzbèke Alicher Ousmanov est à son tour rattrapé par les sanctions occidentales visant l’entourage du président russe. Au printemps dernier, son yacht principal, le Dilbar, l’un des plus grands du monde (156 mètres de long), avait été saisi en Allemagne. Selon le Süddeutsche Zeitung, les autorités viennent cette fois de mettre la main, lors d’une perquisition dans sa propriété bavaroise, sur une trentaine d’œuvres d’art, signées notamment Chagall ou Kandinsky. Un ensemble évalué à plusieurs millions d’euros et qui ornait auparavant son yacht.
Ce n’est pas tout. Quatre précieux œufs Fabergé ont été également confisqués. Les experts, qui les soupçonnent d’être des faux, ou une production récente ne datant pas de l’époque impériale, les expertisent actuellement pour déterminer leur authenticité, et leur ancienneté. S’ils sont authentiques, leur valeur totale pourrait grimper jusqu’à environ 40 millions d’euros. Les spécialistes s’appuient sur le résultat obtenu chez Christie’s à Londres, en 2007, par l’œuf Fabergé mis en vente par la famille Ephrussi de Rothschild, qui avait obtenu l’équivalent de 12,5 millions d’euros. C’était à l’origine une commande passée directement auprès de l’orfèvre pétersbourgeois.
Mais détenir quatre exemplaires a de quoi surprendre. En effet, seuls quelque 50 œufs Fabergé sont répertoriés, que se sont arrachés les grands de ce monde. En France, Bernard Arnault en possède un, tout comme la famille princière de Monaco, ou, au Royaume-Uni, les collections royales… Alicher Ousmanov lui-même affirme qu'il s'agit de belles copies destinées à des cadeaux pour des amis...
Plus encore sans doute que les Kandinsky et les Chagall saisis sur le yacht d’Alicher Ousmanov, la potentielle mise en vente des œufs, s’ils se révèlent authentiques, serait donc un événement pour le marché de l’art. Alicher Ousmanov, dont la fortune est évaluée à près de 15 milliards d’euros et qui possède par ailleurs de nombreux avoirs en Ouzbékistan, pays qui n’applique pas les sanctions, s’était notamment fait connaître en 2007. Cette année-là, il avait créé la surprise en rachetant, en bloc, pour – dit-on – 72 millions d’euros, la collection du violoncelliste vedette Mstislav Rostropovitch que s’apprêtait à disperser aux enchères Sotheby’s. Soit quelque 450 œuvres et objets majoritairement russes qui ornaient la résidence parisienne du musicien. Il l’avait ensuite offerte au palais Constantin, situé au bord du golfe de Finlande, à proximité de Saint-Pétersbourg. Un « Versailles russe » utilisé avant tout comme résidence d’été par Vladimir Poutine…