Pour cette édition, à la différence des précédentes, l’offre de la foire semble beaucoup plus homogène, quelle que soit l’origine des soixante galeries participantes venues de tous les coins du monde (vingt-six pays sont représentés dont la Géorgie, l’Iran, le Pérou, le Japon, la Russie, le Mexique, la Turquie, etc.), continuant à maintenir le statut très majoritairement international de la manifestation. Pour deux de ses fondateurs, Nerina Ciaccia et Antoine Levi, « Paris Internationale n’est pas une foire de plus, mais une foire nécessaire. Elle ne constitue pas un satellite, mais une réelle alternative ».
Cette homogénéité se retrouve dans la scénographie même de la manifestation, conçue par le bureau Christ & Gantenbeim. Ce dernier a conçu un système de murs temporaires qui viennent segmenter de manière parallèle les quatre plateaux mis à nu d’un des premiers bâtiments à façade vitrée de Paris (par ailleurs ancien atelier du photographe Nadar et lieu qui a accueilli la première exposition impressionniste en 1874). Nous sommes donc ici à l’opposé des premières éditions de cette foire sises dans des immeubles haussmanniens où les galeries disposaient d’espaces hétérogènes. Exit donc les arrière-cuisines et autres salles de bains sans lumière du jour. La nouvelle configuration permet aux enseignes d’être quasi toutes mises sur le même pied et d’assurer ainsi une représentation optimum de leurs artistes. La majeure partie des exposants a d’ailleurs opté pour des solo ou des duo shows.
Parmi ceux-ci, le stand de la galerie Nev (Ankara) expose les diptyques et triptyques de Gökhun Baltaci (« La part des lèvres »), dont toutes les œuvres ont trouvé preneurs une demi-heure après l’ouverture (de 2 500 à 7 500 euros). La galerie Lomex (New York) a rencontré un succès quasi similaire avec les énigmatiques tableaux luminescents de Phoebe Nesgos (de 18 000 à 22 000 euros), tandis que la jeune galerie Champ Lacombe (Biarritz) était satisfaite de sa première participation à une foire, où elle défend le jeune peintre figuratif allemand Tim Breuer (de 6 500 à 25 000 euros). Max Mayer (Düsseldorf) présente trois nouvelles peintures et des dessins de l'artiste suisse Flora Klein. À ne pas manquer non plus l’exceptionnel duo show proposé par Amanda Wilkinson (Londres), qui associe les peintures du cinéaste Derek Jarman (95 000 euros) aux dessins de la vidéaste Joan Jonas (de 15 000 à 27 000 euros), probablement la seule galerie à avoir édité un catalogue pour l’occasion. Au gré des stands, les peintres offrent des images fortes, abordant des problèmes inhérents à notre société comme la violence ou les exclusions.
D’autres galeries présentent quant à elles de la photographie ou des images assimilées (Higher Pictures Generation, New York ; Good Weather, Chicago ; Sophie Tappeiner, Vienne ; Lyles & King, New York). Certaines exposent de la sculpture au sens large (Lodos, Mexico ; P420, Bologne ; BQ, Berlin ; Fanta-MLN, Milan). Mais, il ne s’agit là que d’une minorité par rapport à l’offre picturale débordante. La foire a perdu de ce fait son côté expérimental, mais elle y a gagné en maturité et en confort. Année de transition ou de normalisation ? L’avenir nous le dira.
« Paris Internationale », jusqu’au 23 octobre 2022, 35 boulevard des Capucines, 75002 Paris.