En s’installant cette année à la Monnaie de Paris, au cœur de la capitale, face à la Seine, Asia Now gagne en visibilité mais aussi en volume, avec 75 galeries participant à cette édition. Ce lieu historique apporte un nouveau souffle à la manifestation fondée et dirigée par Alexandra Fain. Le signe le plus visible de ce changement est certainement la série d’installations monumentales rythmant notamment les différentes cours, les passages et les escaliers, du drapeau noir de Golnaz Payani à la table d’objets brisés de Neda Razavipour, assortie de performances. Le tout sous la houlette de Kathy Alliou, directrice artistique de la foire et directrice du département de Œuvres aux Beaux-Arts de Paris. Il faut d’ailleurs au visiteur un peu de temps pour apprivoiser cette édition foisonnante et éclatée sur ce site de plus d’un hectare qui s’apparente à un village, fureter partout pour ne pas oublier l’une des tentes qui abritent une partie de la foire. Parmi les améliorations à apporter l’an prochain figurent une meilleure signalétique, ainsi que l’habillage des cloisons, un peu trop brut dans certaines tentes et ne mettant pas en valeur les œuvres.
Avec une fréquentation dopée par ce nouveau lieu et par le dynamisme de Paris+ par Art Basel, collectionneurs et institutions sont venus en nombre. « J’ai eu le plaisir de revoir les directeurs et conservateurs de musées ou de Biennales, de Laurent Le Bon [président du Centre Pompidou] à Isabelle Bertolotti [directrice du musée d'Art contemporain (Mac) de Lyon et de la Biennale de la ville] », confie Hervé Perdriolle, qui a vendu une broderie de T. Venkanna. La galerie Louis & Sack, qui consacre son stand aux peintures de l’artiste coréen Lee Hyunjoung a vendu plusieurs œuvres (entre 3 000 et 18 000 euros) à des Belges, des Suisses et des Français et a vu passer des musées américains, dont des représentants du Lacma de Los Angeles.
Sur une édition très fournie en artistes coréens, dont le marché est très fort, comme en témoigne l’affluence de collectionneurs coréens à Paris+, Almine Rech a vendu plusieurs œuvres très abstraites sur papier de Minjung Kim, dont les prix vont de 60 000 à 100 000 euros. Un peu plus loin, figurent les poétiques light boxes de Nona Garcia (Philippines) à 16 000 dollars, à côté d’un nouveau grand portrait figuratif et frontal d’un jeune homme dans son bain par le Singapourien Alvin Ong, que la galerie Yavuz (Singapour et Sidney) vient de vendre pour 31 000 dollars. Pour sa part, Hadrien de Montferrand (HdM Gallery) note « un grand appétit pour les jeunes artistes, avec des décisions plus rapides qu’avant, pour des œuvres à prix raisonnables ». Il a ainsi cédé des pièces des Chinois Fan Jing et Tang Shuo à moins de 10 000 euros.
Si beaucoup de galeristes misent sur des peintures figuratives ou abstraites, la foire ménage une place pour des œuvres qui interrogent le monde actuel, telle la céramique de Kara Chin sur le monde numérique accrochée dans une des passages par la plateforme Hatch, à 16 000 euros. Ou engagées, à l’instar des céramiques des frères Haerizadeh chez In Situ – fabienne leclerc, montrées ce printemps à Venise, ou encore de Youssef Abdelke et ses beaux fusains montrant entre autres un tube de peinture planté d’un clou, allusion à la répression subie par les artistes en Syrie (28 000 euros), chez Mark Hachem. Un parcours asiatique au sens large à poursuivre par un hors les murs, au musée Guimet.
Asia Now, jusqu’au 23 octobre 2022, La Monnaie de Paris, 11, quai de Conti, 75006 Paris.